Ceci dit, que l’on finisse par dire dans un mois ou deux que l’inquiétude était disproportionnée ou que l’on en soit à compter les morts par millions: cette ambiance apocalyptique est passionnante car nous assistons au spectacle ahurissant de l’humanité qui prend soudainement conscience de sa mortalité.
Ainsi, nous qui rêvons de voir un vaccin ou un traitement inventé dès demain, nous qui espérons pouvoir être soignés correctement, manger à notre faim, on se retrouve à comprendre que seuls les chercheurs, les professionnels de santé, les enseignants et les agriculteurs ont des boulots qui sont essentiels dans nos pays. Quatre secteurs qui sont méprisés les jours sans apocalypse, c’est-à-dire tout le temps. Alors, une fois l’apocalypse terminée, allons-nous revaloriser ces métiers? Allons-nous leur donner plus de moyens pour tenir ce rôle primordial à notre survie? Non, bien sûr que non. Ils retrouveront le même mépris et les mêmes coupes budgétaires… parce qu’après la pluie, la boue.
Nous avons tous, dans notre grande majorité, des professions totalement dispensables au besoin de l’humanité. Et, dans cette ambiance anxiogène où l’on a l’impression que la mort rôde dans chaque embrassade, ça nous permet de répondre concrètement à la question philosophique: «si nous savions à quel point la vie est courte, aurions-nous vraiment le cœur à gagner notre vie en perdant notre temps?» Eh ben apparemment non. hormis nos besoins de payer notre loyer et d’acheter à bouffer, nous n’avons réellement besoin de rien. C’en est presque un plébiscite inconscient pour la semaine de travail de 24 heures et la mise en place du revenu universel. «Travailler plus pour gagner plus» apparaît ces jours-ci d’une connerie abyssale… «travailler moins pour vivre bien» semblerait être la solution la plus naturelle.
Point d’ultime orgie, nulle dernière rigolade, aucune cuite finale… oh non mais, en revanche, nous devons subir les oraisons des boy-scouts sur les réseaux sociaux et -sous peine d’amende- être obéissants, avoir un laissez-passer et sagement éternuer dans notre coude.
Est-ce ainsi que les hommes meurent
Et leurs baisers au loin les écœurent
Comme des soleils révolus
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