Tiens, moi qui vous cause de mes petites histoires et autres sources d’énervements toutes les semaines, je peux bien vous le dire, je suis plutôt un type légaliste. Quand une pelouse est interdite, je ne l’emprunte pas, si je monte dans un train en n’ayant pas eu le temps de prendre mon billet auparavant, je me mets en quête du contrôleur de service afin de régler mon dû, si la serveuse oublie de me facturer mon Coca Zéro, je le lui signale, bref, je suis l’archétype du crétin qui respecte scrupuleusement les règles. En somme, comme le disait ce bon Tonton Georges « Je n’ai jamais tué, jamais violé non plus / Y a déjà quelque temps que je ne vole plus », je suis donc un garçon tout à fait fréquentable.
Sauf sur un détail.
Depuis les années que je fréquente le Réseau des Réseaux, s’il y a bien une règle de survie primordiale que chaque utilisateur connaît et respecte pour sa tranquillité personnelle, c’est la célèbre injonction « Do not feed the troll » ou, dans la langue de Molière, d’Alice Sapritch et de Cyril Hanouna – hélas ! -, « Ne nourris pas le troll », ce qui signifie, « Ne poursuis pas la conversation avec le gros con agressif qui ne cherche qu’à exister par sa posture d’opposition sans argument, tu y perdrais ton nom et tes nerfs et tu finirais par devenir soit grossier, soit aussi con que ton interlocuteur ». Faut reconnaître, c’est nettement plus lapidaire en Anglais, sont-ils forts, ces sacrés Godons !
Et donc, quand un crétin monolithique de Droite m’agresse sur le Mariage pour Tous ou le fameux « Scrogneugneu, on n’peut pus rien dire, c’est d’la faute au lobby judéo-gay » ou quand un crétin atavique de la Gauche de la Gauche de la Gauche de Mes Deux vient me titiller le neurone à humanisme ou me reproche la politique israélienne, voire s’alarme de mon manque de tendresse envers les dictateurs avec écrit « Socialiste » et « Populaire » dessus, ou encore quand une militante néo-féministe ultra-radicale non-racisée cis-genre non-mixte antipatriarcale internationaliste me reproche de ne pas pratiquer l’écriture inclusive, c’est plus fort que moi, il faut que je réponde. J’ai beau savoir que ça ne sert à rien, qu’on ne convainc jamais un convaincu, que l’impétrant n’est là que pour se faire mousser sur le dos de ma petite et néanmoins rotonde personne, que mes copains savent bien qui je suis, que finalement je me fous de son opinion comme de la couleur du cheval blanc d’Henri IV, rien n’y fait, je vais à la cogne.
Et c’est toujours la même limonade, je commence par répondre poliment, en argumentant, puis je commence à devenir un tantinet moqueur, avant de passer au méchamment ironique pour finir par des insultes bien senties issues de mon assez inépuisable répertoire de noms d’oiseaux. Et ensuite, je me morigène, je me tance, je me gronde, je me fais la leçon, je m’engueule, je me pourris la vie, bref, je me dis que je viens de perdre du temps avec un con, pour une connerie, connement. Ce qui est parfaitement regrettable. Tiens pas plus tard qu’il n’y a pas trois jours, un ancien copain un poil casse-burettes et monolithiquement gauchiste, qui vient me chier dans les bottes car je ne fais pas montre d’une tendresse particulièrement étendue pour Maduro et que donc je suis un proche de Trump, de Bolsonaro et même de, horresco referens !, Macron-le-dictateur-libéral-assassin !
Et là, qu’est-ce que je fais, crétin que je suis ?
Je lui réponds.
Je mérite des baffes.
par Naqdimon Weil
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