Mon cahier de doléances

par | 22 Jan 2019

Thierry ROCHER renvoie la censure

Comme tout le monde est dans une phase où l’expression ne sert pas à grand chose mais pour rester dans une forme de logique collective, j’ai décidé d’écrire à mon président.

Mon président,
Je vous écris une lettre que vous lirez peut-être si vous avez le temps. Et vous ne la lirez pas si vous n’avez pas le temps. On va dire les choses comme ça. Comme j’ai pas un cahier entier mais un simple carnet, je vous transmets uniquement des éléments relatifs au système politique. C’est le domaine qui vous concerne, car l’entreprise privée, par définition, est privée et a tendance à vous glisser entre les doigts.

Alors voilà!
Tout d’abord, une pensée pour les retraités. Que comptez-vous faire, votre sainteté, pour ne plus verser les 12 millions d’euros par an aux présidents de la république retraités puisqu’ils ne servent plus à rien? Ne pensez-vous pas que le geste du minimum vieillesse serait suffisant à leur égard?

Pour ce qui est des élus, ne croyez-vous pas que tout le malheur vient que la politique est devenue un métier au lieu d’être une fonction? Cela n’est pas nouveau mais le mouvement s’est amplifié. Et ne vous interrogez-vous pas sur le fait de limiter à deux mandats ces élus qui devraient retrouver rapidement leur métier d’origine? Tant qu’on y est, Manu 1er, supprimer le Sénat, ça irait aussi dans le bons sens; la démocratie pas du tout altérée et des économies considérables, c’est peut-être pas une idée à mettre à la poubelle? Bon, je sais , ces petites choses sont de l’ordre du symbole et ne vont pas sauver les finances de la France mais bon, en terme d’image, il ne faut pas s’asseoir dessus. Et bien sûr faire baisser le nombre de députés, mais là, ce serait de la gourmandise! Je crois d’ailleurs que vous y avez pensé. Avec cette différence de dépenses avec ce qu’on pratique aujourd’hui, on pourrait sans doute refiler quelques euros mensuels supplémentaires aux retraités des travaux manuels. En plus si vous calculez bien, président, vous vous rendrez compte qu’en donnant plus aux ouvriers, ça coûte pas très cher, car ils meurent plus vite que les directeurs de banques. Plus qu’on en est à regarder les dépenses publiques, un petit coup de rabot sur les nouveaux engagés dans la haute fonction publique, hein, allez?. Rien au-dessus de 10 000 euros par mois? Oh vous êtes pas obligé de toucher à ceux qui sont en place, ça ne serait pas sympa pour des gens habitués à gagner ce qu’ils ne méritent pas et qui risqueraient de plonger dans la déprime. Et qui dit déprime, dit porte ouverte à alcool la  drogue, puis la religion et le terrorisme. C’est inéluctable. Enfin, le symbole, c’est de l’argent. Et beaucoup de symboles, c’est beaucoup d’argent !

Monsieur le Président, j’ai souhaité, avec ces quelques lignes, rester sur le terrain de la vie politique basique puisque ce n’est pas votre métier et que cela reste pour vous un emploi provisoire. Vous aviez envie d’essayer; une partie des Français vous a permis d’assouvir votre goût de la réussite et du pouvoir et réciproquement.

Comme vous allez vous contenter de la gestion quotidienne des affaires publiques, je vous laisse imaginer l’insondable étendue de ce qui devrait être votre service au service du public. Quelle notion étrange pour un comptable ou un banquier.

Alors, Président, débattez bien. Débattez en grand. Même si ça ne suffit pas pour que les grands esprits prennent la place qui leur revient.

Par Thierry Rocher

Par Thierry Rocher

Par Thierry Rocher

Thierry Rocher est un auteur, comédien, humoriste qui fait où on lui dit de ne pas faire. Vous pouvez le retrouver dans la Revue de presse des Deux Ânes sur Paris Première
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