« Devons-nous réduire Beethoven à néant » ? Ce n’est pas l’interrogation d’Haydn, son maître de musique, exaspéré par l’indiscipline de son élève aux penchants révolutionnaires, mais l’invraisemblable question, posée avec le plus grand sérieux récemment par le Comité de salut des concerts en public Varisty, journal indépendant de l’université de Cambridge.
Cette nouvelle polémique est partie d’un article et d’un podcast publiés sur le média en ligne Vox. Nate Sloan (musicologue) et Charlie Harding (journaliste) n’ont pas hésité à passer la 5ème pour franchir allegretto le mur du con. On y apprend, en prélude, que « les personnes au pouvoir, en particulier les hommes blancs et riches » ont érigée cette symphonie en « symbole de leur supériorité et de leur importance ».
Point d’orgue d’un air désormais connu mais n’en devenant pas moins irrespirable, les duettistes couinent ensuite de concert : « Pour certains, dans d’autres groupes – femmes, personnes LGBTQ +, personnes de couleur – la cinquième symphonie de Beethoven peut être principalement un rappel de l’exclusion et de l’élitisme dont est porteuse l’histoire de la musique classique. ».
En substance, il est reproché à Beethoven la complexité de son langage musical, laquelle nécessiterait plus d’attention et un comportement d’écoute « normé » par et pour la « classe bourgeoise » – car il est bien connu qu’applaudir et tousser pendant un concert sont les deux mamelles des classes populaires.
Pourtant, rappelons que Ludwig n’était pas vraiment un CSP+, notre infortuné compositeur ayant passé ses jeunes années dans une chambre de Bonn, s’inscrivant ainsi dans la lignée des grands musiciens allemands, tels que Johannes Brahms, Richard Strauss et Tokio Hotel.
Son père détectera rapidement son talent, et tentera de le présenter à travers la Rhénanie. Malheureusement, à Cologne, la tournée tombera à l’eau.
Cependant, Beethoven sera rapidement remarqué par Mozart, qui, jaloux, lui dira méchamment : « C’est pas mal, mais passe ton Bach d’abord. », ce qui ne tombera dans l’oreille d’un sourd, car Beethoven, redoublant d’efforts, est aujourd’hui le compositeur préféré des amateurs de musique classique.
Atteint d’un lourd handicap, à l’instar de Ray Charles à qui il manquait la vue, Django Reinhardt à qui il manquait deux doigts et Carla Bruni à qui il manque la voix, il a néanmoins toujours su rester sourd à la critique :
Les attaques dont il fera l’objet ne l’empêcheront pas de composer les symphonies n°1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9 (cette dernière sonnant le glas, les neuvièmes symphonies ayant la fâcheuse habitude de porter Malher à leurs auteurs), et, précurseur de Barry White et de Marvin Gay, il composera également de la musique de chambre, ouvrant la voie vers le romantique .
Parmi ses symphonies les plus célèbres, on trouve L’Ode à la joie, (à ne pas confondre avec L’Ode aux filles de joie écrite par DSK), et L’Héroïque, initialement dédiée à Napoléon… à qui, demeurant fidèle à ses convictions politiques, il a retiré rageusement sa dédicace une fois celui-ci devenu empereur. Car bien qu’également alcoolique, Beethoven était l’anti-Renaud de son époque.
A Carl Maria von Weber, qui lui reprochait notamment un manque de finesse, Beethoven répondait : « Ce que je chie est meilleur que tout ce que vous pourrez jamais penser ». De quoi trouver une utilité tout indiqué au papier de Vox, qu’il suffira de plier en triple épaisseur.
A bon entendeur…
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