A l’initiative de l’équipe de la salle de spectacle A Thou Bout d’Chant à Lyon, juste en bas des pentes de la Croix-Rousse, deux soirées seront consacrées à l’œuvre de Patrick Font les 19 et 20 octobre. Les artistes Evelyne Gallet et Nicolas Bacchus se sont chargés de la programmation. Au vu du nombre de chanteurs et chanteuses, d’humoristes et chansonniers annoncés pour l’occasion: ça risque d’être un joyeux bordel comme Font s’avait les organiser ou plutôt les désorganiser. Ceux et celles qui ont aimé l’artiste ou son répertoire le savent: ce genre d’initiative restera malheureusement assez rare alors autant en profiter.
Le succès et la postérité sont deux juges qui ne sont pas exempts de mauvais goût. Pourquoi Untel a-t-il fait un tabac alors que Machin l’attend toujours? Pourquoi commémorer Bidule alors que l’on a oublié Truc? Ce sont les questions éternelles, notamment, au sein des amateurs de la chanson française. Il y a toujours un débat pour savoir qui en furent les grands noms. Arrive toujours, en tête, le trio Brel, Brassens et Ferré immortalisé par une photo. Photo qui, comme par enchantement, sert à oublier l’inoubliable Charles Trenet. On y rajoute Ferrat ou Felix Leclerc selon les sensibilités, Gainsbourg ou Higelin selon les musicalités… et puis la famille s’agrandit avec Renaud et parfois Souchon, elle essaye d’être exhaustive en incluant Moustaki, Barbara et Le Forestier, elle se risque à l’underground avec Thiéfaine et Nino Ferrer, elle se souvient tout à coup de Bobby Lapointe en se demandant si elle a eu raison d’omettre Pierre Perret et Guy Béart? Ensuite, la liste se féminise un peu avec Juliette et Anne Sylvestre, puis on se dit qu’il serait dommage de bouder Colette Renard, que les chansons de Mano Solo et de Sarcloret sont loin d’être écrites avec les genoux… et, à la fin, tout le monde se demande si avec de telles références on est trop ringard ou trop «puriste».
La dernière fois que Patrick Font a eu du succès c’était au milieu des années 90. Par conséquent, la très grande majorité du public qui l’a apprécié a vu le jour avant Giscard, période de ses débuts avec Philippe Val. Ils faisaient alors partie des chanteurs classés à gauche en compagnie d’Henri Tachan et François Béranger. Si le succès de Tachan et Béranger a décliné durant les années Mitterrand, celui de Font et Val est resté le même. Il faut dire que le duo jouait sur deux tableaux: Des chansons et des sketchs ayant pour dénominateur commun la satire. On n’allait pas voir un concert de Patrick Font et Philippe Val mais un spectacle de Font et Val. Le public comparait leurs chansons à celles de Renaud et leurs sketchs à ceux de Coluche. Mais, pour des raisons extra-artistiques, ils n’accéderont jamais à la postérité du chanteur au bandana rouge ou à celle du clown à la salopette bleue. C’est con mais c’est comme ça.
Alors lorsque l’équipe d’A Thou Bout d’Chant, qui met en valeur toute l’année la chanson francophone, contacte plusieurs artistes pour saluer le répertoire de Patrick Font, eh bien ça fait chaud au cul! Parmi les invités, beaucoup ont eu le plaisir de partager une fois ou cent fois la scène avec Font. C’est mon cas et, bien que je ne puisse pas me classer sous la dénomination d’artiste, j’aurais surtout le plaisir d’y présenter les
Souvenirs d’un cowboy d’opérette, l’autobiographie de Patrick.