Concentr(ati)ons-nous

par | 11 Fév 2020

Les humeurs de MYRIAM

Pas  plus tard que la semaine dernière, et à des occasions aussi diverses qu’avariées,  j’ai pu lire à de nombreuses reprises sur les réseaux sociaux que la France était devenue « totalitaire » (alors que personnellement, je trouve encore des stations Esso), qu’on ne pouvait « plu riens dirent » (même si apparemment on peut tout mal écrire), que ça rappelait « les heures les plus sombres » ( vivement le passage à l’heure d’été), et que, pour ne rien arranger, « on se croirait revenu au temps du goulash ».

Comme j’étais précisément en train de me battre avec l’ouverture maléfique d’une boite de tomates concassées, je me suis dit en mon for intérieur que c’était tout de même fort de café qu’un twittos ait deviné que j’étais précisément en train d’en préparer un. Et puis, une fois l’étonnement passé et la boite vaincue (et croyez-moi, ce genre de lutte, ça conserve), j’ai relu.

Et en fait, « faf78giletjaunemektoubsoralien666 » (le pseudo a été changé) avait écrit « On se croirait revenu au temps du goulag ».

Ah. C’était donc ça, ces travaux d’envergure qui défigurent la capitale depuis des années ! Discrètement, l’air de rien, « ils » (les prénoms ont été changés) sont en train de reconstruire l’administration centrale des camps, et avec nos impôts, en plus !

Alors, je veux bien admettre que la liberté d’expression soit, de plus en plus souvent, en train se de faire mettre, je veux bien reconnaître que la qualité du débat d’idées connaisse des hauts et actuellement surtout des bas, je veux bien concéder qu’il nous faut idéologiquement nous battre pour ne rien céder aux cons.

Mais ne mélangeons pas tout, même si certaines serviettes hygiénistes et si certains torchons journalistiques adorent ça.

Pour celles et ceux qui s’intéresseraient à l’histoire avec un grand « H » ( et je parle pas du biopic de Bob Marley), il se trouve qu’Arte diffuse à partir du mardi 11 février une série documentaire aussi horrifique que fabuleuse intitulée « Goulag, une histoire soviétique », laquelle retrace, documents rares – dont films – à l’appui, l’histoire du système concentrationnaire russe, de sa création en 1934 lors de la réorganisation de la Guépéou (au passage, on rappelle que le poète n’a pas toujours raison, et qu’il ne faut pas toujours chanter avec Aragon), jusqu’à la libération de Sakharov en 1986.

Et je préviens : suite à cette diffusion, le premier que je prends à comparer notre système avec celui-ci, je ressors mon Soljenitsyne et je lui mets des archi coups de pelle pour lui en faire passer le goût, là.

(Et puisque j’y suis, j’en profite pour recommander le formidable ouvrage de Svetlana Alexievitch « La Fin de l’homme rouge », qui m’a définitivement fait cesser de croire au Père Noël.)

Par Myriam

Par Myriam

Passionnée de nature et de vie sauvage, Myriam a rejoint l'équipe de rédaction en pensant intégrer une revue prestigieuse sur les gallinacées en voie d'extinction. Réalisant son erreur, elle a quand même souhaité rester avec ces drôles d'oiseaux. Même quand elle n'a rien à dire, elle le dit quand même, avec un aplomb qui n'a d'égal que celui dans l'aile du Parti Socialiste. Caution féminine des plumes du Coq, elle n'hésite pas à abuser de ce privilège, et arrêtera de le faire quand les poules n'auront plus la dent dure.
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