Une journée d’un mouvement national comme le 17 novembre réserve son lot de réflexions, d’expressions diverses et variées puisque ne rien avoir à faire pendant des heures génèrent des envolées lyriques plus ou moins fondamentales ou définitives. Loin d’être dans le dénigrement, car le côté rebelle est louable et même si je pense qu’il y a d’autres cibles pilleuses de richesses collectives que le gouvernement à attaquer, j’ai glané des mots entendus dans la rue ou dans les reportages télés, d’anonymes ou de figures politiques en mal de reconnaissance. J’avoue que les phrases marquantes ne m’ont pas vraiment conforté dans l’intelligence des rebelles en action, et pourtant j’aime les rebelles même vivants.
Du côté des anonymes: «On ne fait pas de politique. Il m’est arrivé de voté Font National mais ça n’a rien à voir.»
«Macron est responsable de la mort d’une personne dans l’Isère». Sous-entendu, Macron devait être dans le coffre de la voiture pour donner les instructions à la conductrice.
«Le peuple s’est réveillé» (entendu le samedi matin)
«Le peuple est debout» (entendu en fin d’après-midi.
Du côté pros de la politique:
Le stratège Dupont-Gnangnan: «Allez-y, foncez, quelle que soit votre couleur politique, c’est la manifestation du peuple.» Dupont-Gnangnan a demandé aux Gilets Jaunes d’entrer en résistance.
Ce qu’il y a de bien avec une journée comme le 17 novembre, c’est que les anonymes des partis ont pu bénéficier des projecteurs des médias. Les députés provisoires En Marche, impressionnants avec leurs arguments appris par cœur et récités dans le bon ordre, ou du Rassemblement National, avec en particulier un certain Jean-Lin Lacapelle qui n’a pas eu peur de se contredire lui-même au sujet de l’engagement du parti et de la non récupération du mouvement.
Alors, pour ce qui est du FN, je découvre, chaque jour, qu’il n’y a pas que des vieux cons puisqu’on voit de plus en plus, un certain Jordan Bardera, le porte-parole frontiste qui vient d’avoir 23 ans. Il faudrait se pencher sur son cas pour savoir quel traumatisme dans l’enfance ou l’adolescence l’a poussé vers l’extrême-droite. En tout cas, comme il parle vite, on n’a pas le temps de percevoir la frustration qui est le moteur de son engagement. Une suite de grands moments avec ses déclarations; celle-ci par exemple quand il dit que «Viktor Orban et Matteo Salvini incarnent une Europe qui protège et entend les peuples.»
Et puis Place de la Concorde, Mélenchon n’a pas voulu être en reste, mais pas de colère puisque le journaliste a tendu le micro sans lui poser de questions (forcément désagréables et tendancieuses) et le public a eu droit à des envolées mesurées de l’admirateur de Maduro.
Alors une pensée pour les Gilets Jaunes qui m’ont permis d’avoir un peu de repos samedi au lieu d’aller jouer et de distraire bêtement les masses populaires. La simplicité du raisonnement est de mise même si le simplisme risque de l’emporter avec des conséquences incontrôlées.
Par Thierry Rocher
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