De la guerre et de ses à-côtés

par | 1 Mar 2022

Moi, d’habitude, je rigole de tout. Du moins, j’essaye, comme le disait Figaro dans le Barbier de Séville, avant que d’avoir à en pleurer. Mais, là, j’avoue, moi qui vous cause bi-hebdomadairement, j’ai un poil les zygomatiques crispés pour cause de guerre en Ukraine. J’ai déjà dit ici ou là que par nature et par héritage, je ne suis pas forcément fan de ce coin, j’ai comme une vieille dent cariée contre les habitudes de pogroms solidement vissées au corps des peuples slaves. Mais, comme je ne sais pas si les Ukrainiens actuels continuent à cultiver l’antisémitisme comme votre cousine Adélie sa marjolaine, je leur refile le bénéfice du doute et je me déclare solidaire avec eux.

Ce qui leur fait certainement une belle jambe de savoir qu’un petit gros quasi-sexagénaire à moitié chauve les soutient depuis son PC à Nancy, mais bon, j’ai pas le format Dwayne Johnson ou Jason Statham et si on me refile un M16, y a plus de chance que je me blesse qu’autre chose. Donc, pas de risque que je me pointe pour défendre Kiev avec ma bravoure en carton et mon sens tactique approximatif, désolé. N’empêche, le moins que je puisse faire, c’est de causer d’eux, de leur président Zelinski qui me paraît avoir un putain de courage et en même temps de la retenue, pas mal pour un ancien rigolo de la télé et de l’agression ruskoffe qu’ils sont en train de se manger. Car il n’a pas fait dans la demi-mesure, Vladimir Vladimirovitch « J’Te Nucléarise Si J’Veux » Poutine, pas le genre de la maison. Et, vu comment l’offensive se fait sur trois fronts, il avait préparé son coup depuis un moment.

Parce qu’il reste des couillons qui pensent – avec leur cul, y a pas d’autres solutions – que c’est parce que l’OTAN a renforcé sa présence en Roumanie que l’autre énervé du Kremlin a soudain décidé d’utiliser les troupes, qui, oh, la vache, coup de bol, étaient massées depuis 6 semaines à la frontière ukrainienne. Faut vraiment avoir un cerveau de bulot sous meth pour croire que ça se décide sur un coup de tête, une action militaire de ce tonneau. Vu que ça fait des mois que la Russie fait des réserves de tas de trucs, faut vraiment être con comme un Zemmour pour penser que ce n’est pas un coup monté d’avance.

Ah, tiens, justement, vu que je vous cause de l’autre andouille de Caïus Détritus, de Zemmour, pardon, je me goure tout le temps entre ces deux-là, qui vagit que c’est justement la faute à l’OTAN qui fait rien qu’à s’étendre si le Tsar en carton-pâte fout sur la gueule des Ukrainiens, comme le disaient également Le Pen, Mélenchon – et même Roussel, tu déçois, camarade, tu déçois… – y a encore pas plus tard que y a pas longtemps, ben ça, c’est de la couillonnade en branche. C’est un peu oublier qu’en 2000, le même gars Poutine, il demandait à rentrer dans l’OTAN, histoire de faire flipper leur race aux Iraniens et aux républiques musulmanes sur sa frontière sud, ce qui a donné le Conseil Russie-OTAN, un bouzin de coordination militaire anti-terroriste et anti-drogue créé en 2002.

Faut aussi se rappeler que jusqu’à ce qu’il agresse une première fois l’Ukraine en 2014, y avait des manœuvres conjointes OTAN-Russie, dont les simulations Vigilant Sky 2011 et autres. Et si on regarde bien, c’est en 2004 que l’Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Bulgarie, la Roumanie, la Slovaquie et la Slovénie ont rejoint l’Alliance Atlantique, pas hier matin, sans qu’à l’époque ça ne fasse bramer Vladimir l’Énervé.

Ben oui, les couillons russophiles tant que la Russie est un état très peu démocratique, vaut mieux connaître un poil le sujet avant de dire des conneries aussi grosses que vos egos surdimensionnés. Pour la légitimité russe sur l’Ukraine, vous repassez, les clowns, vu que les Ruskoffs ont reconnu l’indépendance de Kiev en 1994. Sauf, évidemment à penser que les anciennes zones d’influence de Moscou appartiennent pour l’éternité au Kremlin et à s’asseoir sur le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, principe de base de nos états, non ? Ah le Donbass et ses velléités indépendantistes ? Ben, c’est pareil, si la majorité des gugusses du quartier veulent rejoindre la Sainte-Mère Russie, pas de soucis, mais après un processus démocratique reconnu, pas à grands coups de chars dans la gueule. Itou pour la Crimée. Et faut arrêter de confondre russophone et russe. On peut être le premier sans particulièrement avoir envie de devenir le second. Sinon, tout ce qui est francophone est Français, ça va faire bizarre aux Bruxellois, et tout ce qui cause schpountz est teuton, j’imagine déjà la tronche des Alsaciens si on leur balance ça !

Et je ne vous cause même pas de cette enflure de Lalanne, relais des pires ragots complotistes made in Moscow, de cette tourte de Royal qui préfère dire du mal de Biden et de Boris Johnson plutôt que de Poutine, et de tous les couillons qui dénoncent l’OTAN, l’Europe, les États-Unis, mais qui oublient bien tranquillement que la Russie fout sur la gueule des Ukrainiens avec l’offensive la plus massive depuis 1945, pas l’Alliance atlantique ou l’Union européenne… Tiens, parmi ces analystes en peau de lapin, y a ceux qui nous agitent la menace des coupures de courant rapport au gaz russe qu’on n’aura plus et qu’on est pieds et poings liés devant Gazprom. Ce qu’ils négligent, ces génies sans bouillir, c’est que pas de gaz, pas de thune. Et que ça aussi, c’est une putain d’arme face à un énervé de la dérouille sur ses voisins. C’est fini, l’époque où tu allais tarter le mec d’en face sans te demander si t’étais en fonds, vu que t’avais Dieu et tes sujets avec toi. Sans monnaie, une guerre moderne, ça devient compliqué. Très compliqué. Du genre difficile à tenir.

Reste que l’autre salopard en est à menacer le monde de son feu nucléaire si on aide trop les Ukrainiens. Ca rassure pas. Notez bien, les Angliches et nous, on n’est pas totalement à poil face à cette menace, on peut aussi lui bourrer le cul avec nos petits atomes. Mais c’est pas une solution rationnelle, si on me demande. Quoi que je ne sois pas bien sûr qu’on me le demande ou qu’il soit encore sur le plan de la rationalité, le Tsar 2.0…

En regardant la télé hier soir, ma mère a pleuré devant les images des réfugiés ukrainiens à la frontière polonaise. Ça lui rappelait des sales souvenirs de l’exode de 40. Et moi, ça m’a donné envie de grands coups de pelle dans la tronche des poutinolâtres français.

Par Naqdimon Weil

Par Naqdimon Weil

Naqdimon Weil est rédacteur. Il est aussi chroniqueur. Il est surtout social-démocrate universaliste, laïcard et sioniste. Il est gravement quinquagénaire et profondément provincial. Et, évidemment, il est dans le Coq.
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