Comme il y eut ceux qui se souviennent de ce qu’ils faisaient la nuit où un homme a marché sur la Lune, ou, plus près de nous, ceux qui savent où ils étaient le 11 septembre 2001… il y aura désormais celles et ceux qui se rappelleront, avec émotion, de tous leurs faits et gestes du 27 janvier 2019. Cette date, qui fera date dans l’histoire des dates, les livres d’histoire la nommeront sans doute «l’Appel de Roussel».
Tout débuta la veille, lors de la réunion du conseil national du Parti Communiste Français. Alors que la mode est aux réunions qui ne servent qu’à fixer la date de la prochaine réunion, Fabien Roussel, le charismatique secrétaire national du PCF, a pris le pouls de la société et du monde qui la décore pour rompre avec les habitudes des fossiles au marteau. Ainsi, le 27 janvier, à l’heure du farniente dominical, Roussel lança SON appel à Benoît Hamon, leader du mouvement Génération.S, pour faire liste commune aux prochaines élections européennes. Sachant que l’on n’appâte pas un ancien ministre frondeur et candidat malheureux des présidentielles avec un vulgaire rond de serviette à la prochaine fête de l’Huma, il lui fit une de ces propositions que l’on ne peut refuser: «une liste de rassemblement (…) mais avec Ian Brossat comme tête de liste».
Être dans les pas de Ian Brossat, avouez que c’est galvanisant. Oscar Wilde l’a dit mieux que quiconque «je peux résister à tout sauf à la tentation». Ian Brossat plus qu’un nom est une évidence. Petit-fils d’un espion soviétique, il occupe le poste d’adjoint à la mairie de Paris tout en étant, depuis décembre, le nouveau porte-parole du PCF. Un homme providentiel comme celui-là, ça ne se boude pas! Mais Roussel a voulu enfoncer le clou avec un argument imparable: «le Parti communiste, depuis 1979 qu’existent les élections européennes, a toujours été présent et défend une cohérence dans cette élection européenne». Eh oui, rappelons cette «cohérence» qui, en 1979, savait faire entendre, comme personne, les préoccupations de Léonid Brejnev quand d’autres s’engluaient à parler de paix et de démocratie.
Conscient de l’enjeu historique, le 8 février, Benoît Hamon proposa d’organiser une «votation citoyenne» pour rassembler toutes les forces de gauches en liste (France insoumise, Parti socialiste, Parti communiste, Europe Ecologie-Les Verts et Place publique) mais aussi les intellectuels et les mouvements citoyens. Boule de neige et avalanche! Tous répondirent qu’ils n’en avaient rien à foutre puisque, en gros, c’est eux qui ont la cohérence et que, vous comprenez, les Français en ont marre de ceci et de cela, d’ailleurs votez pour moi, et si vous pouviez passer le mot aux Français pour qu’ils en fassent autant, ça nous arrangerait parce qu’en ce moment c’est pas la joie dans les urnes. Bref, on ne le dira jamais assez mais la technique du «tous ensemble derrière moi» est toujours synonyme d’un grand succès.
par Anthony Casanova
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