Du pied gauche, ça porte pas bonheur

par | 8 Juin 2021

Faut être honnête, cette semaine, j’avais pas envie. Mais genre pas envie du tout. Pour tout dire, moi, je crois un peu avoir dit tout ce que j’avais à dire et puis de l’avoir redit. Encore. Et encore. Et encore une fois. Je ne dis pas que je n’aime pas l’humour de répétition, mais justement l’humour, c’est mieux quand c’est drôle. Et depuis un petit moment, j’ai du mal à sortir la substantifique moelle rigolatoire du vieux Rabelais des gros titres de l’actualité. Tourner en rond, déjà que ça fait chier les bourrins dans les manèges, moi, ça me navre.

Tiens, c’est pas dur, à force de se répéter, je pense qu’on se zemmourise tout seul, ça s’appelle la pensée circulaire, comme la scie éponyme, et si ça vous donne l’impression d’avoir raison, c’est juste parce que c’est l’écho qui reprend ce que vous balancez. Bref, j’étais à deux doigts d’inventer un gros mensonge pour dire à Casanova que cette semaine, ce serait sans moi, le Coq, et qu’il allait devoir demander à Riouffol ou à Meurice, les Abbott et Costello de l’analyse politique de couillons, de lui pondre un papier pour remplacer ma bavasserie hebdomadaire.

J’avais déjà le téléphone malin en pogne, prêt à essemésser comme une bête quand ça a fait ding ! ding ! ding ! dans mon oreille droite, pas dans la gauche, rapport à ce que je deviens sourdingue de la senestre, soit c’est un bouchon, soit c’est la vieillerie, putain, faut que je consulte un ORL. Donc, dans le brouhaha matutinal francintérien, je chope une phrase qui électrise mon neurone à repérage de connerie mahousse. C’était arrivé hier, dimanche, mais dimanche, j’avais fait grève de la radio, et surtout de l’info, j’avais glandouillé devant mon PC, en essayant de piger comment jouer à Endless Legend et en attendant la partie de Donjon et Dragon en ligne de Fanfan le soir, bref, j’avais pas écouté Inter de la journée.

Surtout pas à midi. Le dimanche midi, Ali Baddou Wap Dou Wap reçoit un invité politique qu’il traite plus ou moins bien, avec intervention de journalistes du même tabac et le ou la présente – ouais, je remets en fonction l’accord de proximité, car j’emmerde ce vieux con de Malherbe et que l’écriture inclusive me fait saigner des yeux – peut dérouler son verbiage électoral avec un peu de temps pour remuer son brouet politique. Moi, parfois, j’aime bien, mais souvent ça m’emmerde. Et quand c’est Camarade Jean-Luc, c’est pas dur, ça me donne une bonne grosse poussée d’exéma accompagnée de prurit et de furonculose, bref, ça me colle des boutons. Donc, grève personnelle de la radio plus mélenchonerie méridienne, forcément, moi, j’écoute pas.

Je ne sais pas si ça vous est déjà arrivé de coller votre beau soulier bien ciré dans un bon gros étron fumant, moi, oui, évidemment, vu que je suis un peu perdu dans mes pensées quand j’en arrive à en avoir, et c’est salement désagréable. L’étron, pas les pensées, faut pas confondre. Non seulement, la grolle est dégueulassée, mais surtout, vous trimballez une vieille odeur de merde molle sur des bornes, faut gratter la semelle pour l’odeur dégage, et même là, vous avez l’impression de dauber le fumier encore longtemps après. Ben y a des propos qui puent la merde de la même façon. Et Méluche en est spécialiste.

Quand le Chef Suprême, et pas seulement de volaille, des Zinsoumis se met à éructer qu’il y aura un attentat ou un meurtre entre les deux tours, c’est prévu, c’est écrit, faut pas nous prendre pour des cons, tiens, t’as qu’à voir les assassinats de Toulouse ou celui des Champs-Élysées, on nous cache tout, on nous dit rien, vas-y Marcel, remet un petit jaune y a marée basse, j’ai comme envie de lui tarter la gueule. Violemment. Plusieurs fois. Avec rage. Je m’explique. Je n’aime pas Mélenchon, politiquement, s’entend, humainement, je m’en cogne. Ses choix politiques me puent au nez, sa posture rageuse m’agace, son ego-trip me navre.

Mais même si je ne l’aime pas, je ne l’ai jamais pris pour un con ou un salaud. Jusqu’à ce matin. Car sous-entendre que les assassinats de jeunes militaires, d’enfants juifs et de policier sont organisés en sous-main par l’État pour des raisons électoralistes, c’est soit être un pauvre connard de complotiste à la crème de conspirationniste de merde, ce qui est lamentable, soit savoir que c’est une connerie sans nom, mais l’utiliser pour faire réagir le populo comme une quelconque Marine Le Pen et ça, c’est ignoble, indigne, merdeux, dégueulasse, vous trouverez bien vous-même les autres adjectifs définissant cette infamerie.

J’ai dit plus haut que jusqu’à présent je n’avais jamais pris Mélenchon pour un con.

Dorénavant, je le laisse pour ce qu’il est. Un con dégueulasse.

Par Naqdimon Weil

Par Naqdimon Weil

Naqdimon Weil est rédacteur. Il est aussi chroniqueur. Il est surtout social-démocrate universaliste, laïcard et sioniste. Il est gravement quinquagénaire et profondément provincial. Et, évidemment, il est dans le Coq.
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