Ce dimanche 2 février, nous avons appris le décès de notre chroniqueur et ami Thierry Rocher.
Thierry a longtemps travaillé dans une grande maison d’édition avant de fonder la sienne, les Editions In Fine. Puis, il créa un café-théâtre, le Grenier, à Paris, y lançant ainsi sa carrière d’humoriste, et celle d’innombrable comiques, musiciens qui ont eu le plaisir de partager la scène et de se confronter au public si difficile du cabaret.
De la scène du Don Camillo au Théâtre des deux Ânes, jusqu’à Paris Première où il était l’un des piliers de l’émission des chansonniers, Thierry a aussi écrit des pièces de théâtres, des pensées, un roman, tout en se servant d’un Confucius de son imagination (le philosophe Qi Shi Tsu) pour asséner des vérités aléatoires et des sentences plus ou moins définitives.
Thierry était un maître dans l’art des brèves. Sur scène, il s’installait tranquillement assis derrière une petite table, des dizaines de feuilles dans les mains, et il choisissait les brèves qu’il allait balancer au public. Les brèves c’est prendre une actualité que l’on résume en une phrase, et lui apporter une conclusion absurde ou féroce, un contrepied dont on relève la pertinence aux éclats de rire qui en découle. Thierry était un homme d’une grande drôlerie, l’une des plus belles voix « radiophonique » qui m’ait été donné d’entendre… on se rappellera ses convictions, sa fidélité amicale, ses nuances, son amour des plaisirs de la table, et sa bienveillance.
Son fils, Lucas Rocher, auteur, guitariste et interprète de chansons drôles et poétiques vient de sortir un nouvel album (Premium) disponible sur toutes les plateformes que je vous conseille fortement. J’ai évidemment une pensée pour lui, et je sais qu’il trouvera le temps d’organiser une soirée dans un café-théâtre pour saluer la mémoire artistique et humoriste de Thierry.
Je vous laisse avec une chronique de Thierry publiée le 30 septembre 2014 :
Les religions sont amour
« Un homme innocent décapité, et l’émotion submerge tout le monde, à juste titre. L’émotion a sa place puisqu’il s’agit d’un homme au milieu des hommes. Quand on pense aux islamistes on a tendance à aimer un peu plus les animaux de compagnie qui nous entourent et à leur trouver de l’humanité. Sur le fond, je pense sincèrement que toutes les religions portent en elle l’intégrisme et l’intolérance enrobés de l’amour nécessaire à une respectabilité de façade. Chacun peut faire facilement le constat de cette réalité au cours des siècles ou simplement plus près de nous dans le temps pour ceux qui ont la mémoire courte. Mais il convient ; chers amis, de faire dans le ton du moment et le politiquement correct qui se doit d’animer le fameux bien vivre ensemble.
J’ai entendu dire que l’émotion est mauvaise conseillère. Ce n’est pas faux et il faut retrouver rapidement la lucidité pour avancer dans la bonne direction. Quand on évoque Daech (L’Etat Islamique en péjoratif) et son influence, la première chose qui vient à l’esprit c’est de savoir comment ils sont financés.
Il y a malheureusement plusieurs sources pour engranger un véritable trésor de guerre que les services de renseignements américains chiffrent à 3 millions de dollars par jour.
On pense de suite aux états donateurs, ces fameux pays soupçonnés de jouer double-jeu aujourd’hui, l’Arabie Saoudite, le Qatar et le Koweit. Daech n’est pas forcément approvisionné directement mais par l’intermédiaire de groupes « subventionnés » qui ont fait allégeance à l’E.I. L’essentiel du fric ne provient pas de ces états mais pour une bonne part du pillage des territoires annexés. Les entreprises sont en première ligne. Il y a eu aussi des pillages d’une autre nature comme celui retentissant d’antiquités en Syrie, des objets qui dataient pour certains de 8000 ans et qui représentent une enveloppe de 36 millions de dollars.
Mais la valeur sûre des islamistes, c’est bien sûr le pétrole. Ils ont réussi à capter une dizaine de champs de pétrole en Syrie et en Irak. Ils monnayent ensuite ce bien précieux, au marché noir, en Turquie et en Syrie. Les services U.S. évoquent un bénéfice de plus de un million de dollars par jour. Et comme on doit diversifier ses gains et ses créneaux, il faut garder l’option des rançons versées après des enlèvements (en évitant les ressortissant américains puisque, dans ce cas, rien n’est versé).
Rien n’est simple pour assécher les sources financières des assassins violeurs. Concrètement, à part bombarder les champs de pétrole avec le risque de tuer des civils, il y a peut-être des directions à prendre.
Pression sur la Turquie pour qu’elle fasse réellement le ménage chez eux et que le pétrole volé ne puisse être revendu.
Pression (ou sanction) sur les pays bienfaiteurs à double langage.
Un point sur les armes utilisées pour savoir s’il ne s’agit que de joujoux de récupération ou de livraisons récentes de marchands respectables ayant pignon sur rue.
Un point sur les paradis fiscaux pour être sûr que les banquiers de Jersey, du Luxembourg, de Suisse ont une éthique qui lave plus blanc que n’importe quelle machine à blanchir.
Alors, manifestons contre la barbarie, ça ne mange de pain même si ces manifs peuvent être interprétées de différentes façons et si leurs parcours n’emmène pas forcément aux endroits stratégiques.
Quand aux djihadistes français qui partent, il faut vraiment l’effort de tous pour éviter qu’ils reviennent. On a beau être écolo, on ne peut pas recycler tous les déchets ! »
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