Je dois bien le reconnaître, malgré tous mes efforts pour le cacher en société et auprès des personnes du beau sexe, je suis une vieille chose en cours de dessiccation. Tiens, ne serait-ce qu’utiliser l’expression « beau sexe » est bien la preuve que je suis un décati, un cacochyme, un obsolète de la pire espèce. Et encore, ça, ça va, ça passe, malgré les froncements de sourcils de Balance ton quinqua cisgenre hétéro non-racisé alopécique bedonnant, mais quand je me laisse aller à mon activité printanière favorite, qui est l’observation des gambettes féminines dénudées après un trop long hiver où les jeans le disputaient aux collants de laine, là, c’est inadmissible, je mérite la hart, le fouet, le pilori et la lapidation à grands coups de tous petits cailloux très très pointus pour que ça fasse plus mal.
N’empêche.
Moi qui vous cause hebdomadairement, j’ai la triste mais inépuisable habitude de me payer mon jeton de mate, comme on dit chez Boudard ou dans San Antonio, de regarder en loucedé la joliesse qui passe, quand ces dames et demoiselles tricotent des deux fuseaux, ainsi que le disait le magnifique personnage de Denner dans ce film de Truffaut, “Les jambes des femmes sont des compas qui arpentent le globe terrestre en tous sens, lui donnant son équilibre et son harmonie.”. Et ce qui me touche toujours, c’est quand l’une d’entre elles, portant la jupe courte, mais ne l’assumant pas tout à fait, tente, souvent sans y parvenir, de baisser celle-ci de quelques centimètres sur sa cuisse fuselée vers le genou. Je trouve cette pudeur soudaine charmante et délicate. Certes, me diront les plus compréhensives d’entre mes lectrices et les plus obsédés de mes lecteurs, mais honnêtement, quel est le rapport entre les jolies guibolles des femmes, les minijupes et la sphère politique dont je suis censé faire mon miel ? Hé bien, c’est pourtant évident, la politique de Jupiter Macron et de ses amis se présente comme une jeune femme en jupette – si j’ose dire – et qui tire dessus à deux mains pour faire croire que c’est un habit de bonne-sœur. Je m’explique. À l’instar de la pudique qui n’assume pas sa presque nudité jambesque, Macron and Co n’assument que très modérément le visage libéral de leur politique.
Donc, suite au « Grand débat », on découvre que les Français – du moins, les quelques ceux qui ont exprimé une opinion intelligible – souhaitent tout à la fois moins d’impôts et plus de service public, amusante quadrature du cercle qui ne pourra être résolue que lorsque l’INRA trouvera une race de vache qui caguera de l’or. Et que retiennent les ministres et les sycophantes du Gouvernement Ni-de-Droite-Ni-de-Gauche-mais-de-Droite-tout-de-même parmi ces demandes ? Qu’il faut baisser les impôts. Et faire des économies. En jouant sur la dépense publique. Dépense publique qui est celle des services publics. Car augmenter les impôts ou définir des nouvelles tranches de celui-ci parmi les plus hauts revenus – autre demande des « Français » mais apparemment nettement moins sexy que la précédente -, c’est mal, c’est pire que croiser les flux. Et donc, avec des pudeurs de rosière à son premier bal des pompiers, la communication gouvernementale tente de s’appuyer sur la partie des demandes du « Grand Débat » et de l’opinion qu’elle a de l’opinion des citoyens pour faire croire qu’en fait, c’est exactement ce qui était prévu, qu’un changement de cap serait contraire à la demande du Peuple dans son ensemble et que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes, t’as l’bonjour de Leibnitz.
Alors, moi, je trouve ça poilant, hilarant, tordant, fendard, bref très marrant, cette espèce de contorsion langagière pour tenter de cacher la merde au chat.
Marrant.
Mais ni sérieux ni sexy.
Et qui ne vaut absolument pas une jupe tirée sur une jambe découverte.
par Naqdimon Weil
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