L’Homme de Gauche Qui Sait a toujours quelque chose à dire sur n’importe quel sujet d’importance. Et plus Il est de Gauche et plus Il Sait. Sauf que, comme tout super-héros qui se respecte, l’Homme de Gauche Qui Sait a aussi sa kryptonite – sérieux, vous ne savez pas ce qu’est la kryptonite ni l’effet qu’elle a sur Superman ? Pfff, toute une éducation à reprendre ! Y a pas que Télérama/Les Inrocks/le Masque et la Plume dans la vie, enfin, voyons ! -, qui le laisse pantelant et coi, à la limite de l’AVC. Capable de discourir pendant des heures sur la politique, l’économie, la géopolitique, l’Art, la Culture et même la Gastronomie, entamez donc un débat sur le sport en général avec Lui, et sur le foot en particulier, et le voilà tétanisé, inquiet, incapable d’exprimer sa haute vision morale des choses. Et donc, comme j’ai le fond mauvais et que j’écris dans un hebdomadaire de Gauche, je vais donc vous causer de foot.
Car, malgré ce qu’en pense mon ami l’Homme de Gauche Qui Sait, le foot est un sujet qui mérite d’être abordé. Ne serait-ce que parce que c’est un sport populaire, le plus populaire de tous et qu’à se vouloir champion du Peuple, ce n’est jamais un mal d’essayer de comprendre pourquoi certains prennent tellement à cœur le destin de leur équipe de 4e division départementale et l’investissement que certaines mettent dans la victoire de leur club. Et balayer ça d’un haussement de sourcil méprisant est la preuve la plus éclatante que le Peuple dont parle l’Homme de Gauche Qui Sait n’est jamais celui qu’il croise dans le métro ou qu’il vilipende dans la file d’attente de chez Auchan – ou Cora ou Leclerc, je m’en fous, je ne fais pas de placement de produit – et c’est bien dommage, en fait. Tiens moi qui vous cause, je ne suis pas tellement footeux, sauf pour les grosses compétitions, Coupe du Monde ou d’Europe, car les 90 minutes merdeuses Gueugnon contre Lens, ça me laisse froid, moi, donc, j’aime le foot US. Ben, j’ai régulièrement le droit aux quolibets sur le fait que c’est un rugby pour demoiselles, que c’est un faux sport, que les joueurs sont drogués et surprotégés. Je vous conseille d’en causer avec ceux qui ont testé, sur le terrain, les deux modèles, ils n’ont pas cette analyse… Bon, revenons au foot.
Cette semaine, les supporteurs bas-du-front d’Ajaccio – pace é salute, Casanova – se sont comportés comme les brutes sauvages qu’imaginent toujours ceux qui n’aiment pas le ballon rond. On en a pas mal causé, avec raison, surtout du choix douteux de la LFP de ne pas sanctionner l’équipe, donnant un blanc-seing à ces connards. Et c’est navrant, car, encore une fois, on réduit un sport, ni plus ni moins digne qu’un autre d’être apprécié, à la connerie de ses fans. Heureusement, on a aussi pas mal parlé de la finale de l’OM, en coupe de la Ligue Europa, la Consolante, et même si les Phocéens ont pris une jolie rouste, 3/0, faut pas bouder son plaisir, ça faisait des années qu’aucun club français n’avait atteint ce niveau, alors bon…
Et là, vous voyez où je veux en venir. Parce que pendant qu’on débat sur la violence dans les stades ou qu’on conjecture sur la stratégie ratée de l’entraîneur marseillais à longueur de colonnes, l’équipe féminine de l’Olympique Lyonnais a remporté la coupe de l’UEFA, la grande, la vraie. Pour la cinquième fois de son histoire, la troisième fois consécutive, ce qui est historique. Aucune équipe de foot de poilus n’approche ce palmarès. Et tout le monde s’en branle. Le match avait lieu à 17h00, diffusé par TFX ou Canal Sport, alors que si la moindre équipe de bras cassés français d’un sport quelconque atteint un vague quart de finale, et que cette équipe est dotée de couilles et non de nichons, alors France Télévisions se précipite, caméra en avant pour filmer quelle que soit l’heure ou le lieu. À la limite, si une championne française de tennis ou de natation peut espérer un peu d’attention à partir des quarts de finale, un sport collectif de nana peut se gratter pour qu’on ne l’évoque au-delà d’une brève. Vous savez quoi, les filles, vous feriez mieux de balancer des pavasses sur la gueule du camp d’en face, vous feriez plus la Une des médias.
« Mais on s’en fout, du sport ! », allez-vous me dire, plein de la hauteur de vue de l’Homme de Gauche Qui Sait. Ouais, en effet, on s’en fout. Et on se fout encore plus du sport féminin. Et c’est bien ça le problème.
#metoo, qu’ils disent. Mon cul.
par Naqdimon Weil
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