C’est la gueulante du ras-le-bol, la révolte du «y en a marre», ça sent aussi bien le poujadisme que la revendication prolétarienne, et comme tout mouvement hybride dont on ne saurait comprendre l’origine, nous avons tendance à nous en méfier voire à le mépriser. L’essence a encore augmenté, ça gueule sur les réseaux sociaux, je ne sais qui lance l’idée de «bloquer le pays», un autre propose de se vêtir du gilet de sécurité qui prend la poussière dans la bagnole, et de like en smiley -version moderne de l’expression de fil en aiguille– ça donne lieu à une manifestation nationale.
Comme toutes les révoltes plus ou moins spontanées, elle n’est pas structurée. Est-ce le mouvement des pollueurs qui ne veulent pas qu’on touche à leur caisse ou celui des classes populaires qui n’arrivent plus à survivre au coût de la vie? Si de la France Insoumise au Rassemblement/Front National, ils s’accordent pour soutenir les Gilets jaunes, ils précisent toutefois ne pas vouloir «faire de la récupération politique». Pourtant, c’est justement d’une vision politique dont les Gilets jaunes manquent pour que l’on comprenne leur colère. Comment voulez-vous que l’on s’en sorte si même les leaders des différents partis politiques donnent une définition péjorative au mot «politique»?
Les vociférations qui accompagnent l’augmentation du prix de l’essence, du paquet de cigarettes, du ticket de métro ou de la baguette de pain est un écho de la précarité sociale. C’est la lutte du court terme contre le long terme. Le pétrole c’est de la merde, ça pollue, c’est un danger pour l’écosystème… évidemment qu’il faut plus de transports en commun à des prix abordables, qu’il faut d’urgence une transition énergétique mais, en attendant, il faut bien vivre. On se souvient de cette députée de La République En Marche qui raillait ceux qui protestaient contre les 5 euros de moins des APL. Le libéralisme économique oblige les «pauvres», les «petits» à se serrer ce qu’il leur reste de bout de ficelle en guise de ceinture.
Le prix de l’essence comme l’augmentation des «petits» vices du quotidien telles les clopes, ne fait que renforcer le sentiment de pauvreté. Et ce n’est pas dans une société où les psys en tout genre ont pignon sur rue, qu’on va nous jouer la partition de la santé du corps supérieure à la santé de l’esprit. Il faut bien comprendre qu’une cigarette ce n’est pas grand chose. C’est une petite merde, un bout de rien, qu’on offre, qu’on dépanne sans y penser. Mais aujourd’hui, ça devient un luxe.
Certes, l’argent ne fait pas le bonheur mais je rassure nos amis «riches», la misère ne favorise pas non plus l’euphorie. Lorsque vous avez des soucis pour régler vos factures, la question qui vous préoccupe n’est pas le bonheur mais la survie. Nous savons que ce n’est pas le prix de l’essence qui doit baisser mais les salaires et les minima sociaux qui doivent augmenter. Mais c’est à vous rendre fou de ne pas avoir de quoi se payer une clope. C’est humiliant de savoir que l’on est si pauvre qu’on ne peut même plus mettre de l’essence dans sa voiture pour partir au travail ou tout simplement pour répondre à une offre d’emploi, en rêvant du jour, où l’on pourra, peut-être -ça n’arrive pas qu’aux autres- partir en vacances. Qu’y a t-il de pire que de s’apercevoir que même «rien», c’est déjà trop cher?
par Anthony Casanova
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