Tiens, moi qui vous cause bimensuellement faut bien que je m’y plie comme tout le monde, donc, bonne année, bonne santé, la bise à tata Suzette et tout le toutim, voilà, c’est fait, c’est bon, on peut s’y mettre.
L’avantage avec la pandémie du virus à ressort qui nous bloque chez nous depuis pas loin d’un an, c’est que ça laisse le temps d’étudier les couillonnades émises du plus haut sommet de l’État jusqu’à la plus humble des demeures comme un entomologiste observe des fourmis. Et il faut reconnaître que ce ne sont pas les sujets qui manquent. Par exemple, les branle-panneaux qui se réclament de leur liberté individuelle pour ne pas se faire vacciner. Si ça, c’est pas de la connerie militante en parfait état de marche, je ne sais pas ce que c’est. D’abord, la liberté n’est jamais totale, elle connaît des limites et que celles-ci apparaissent quand cette fameuse liberté entrave celle d’autrui, air connu. Agiter son petit habeas corpus sans tenir compte de la couverture vaccinale, c’est non seulement crétin, mais c’est surtout infantile, ça me rappelle mon filleul qui n’arrêtait pas de dire à 10 ans «J’ai bien le droit» quand son père voulait lui interdire quelque chose ou l’obliger à ranger sa chambre.
Ben là, tout pareil. Des citoyens théoriquement majeurs et responsables expliquent qu’ils ne veulent pas participer à la résolution du problème qui nous emmerde tous au nom de leur pseudo-droit à la liberté. Ben voyons. Tiens, c’est tellement con que je sens que je ne vais pas tarder à militer pour le droit de leur écraser une pelle dans la face au nom de mon droit à ne pas me tartiner des discours plus ineptes qu’un dialogue dans un film de Fabien Onteniente. Non, mais des fois! C’est à se ripoliner le scrotum au papier de verre gros grain, ces conneries-là! La liberté, qui est fondamentale dans nos jolies sociétés démocratiques, doit prendre en compte la vie des concitoyens, sinon, c’est juste le plus mastard qui impose la sienne aux autres. Ce vieux cureton de Lacordaire le disait bien : «(…) entre le fort et le faible, entre le riche et le pauvre, entre le maître et le serviteur, c’est la liberté qui opprime et la loi qui affranchit». Ben là, c’est tout pareil, la liberté de ne pas se faire vacciner, agitée comme un hochet par des couillons catatoniques, c’est surtout la liberté de bloquer chez eux les vieux, les malades, les immunodéprimés, les gros, les cardiaques, les diabétiques et des tas d’autres, c’est le «Ma gueule d’abord», bref, c’est puant.
Et encore, si le gouvernement avait un poil de courage –et un peu le sens de l’État, aussi, on peut toujours rêver…–, il affirmerait le truc, il prendrait des décisions et tant pis pour les braiments d’ânes des plus crétins, ça finirait par passer, comme la ceinture de sécurité ou l’interdiction de la clope dans les lieux publics. Mais non, il s’inquiète, le gouvernement, il s’affole, il cavale comme un canard sans tête, il veut faire de la pédagogie, il cherche des circonvolutions et des circonlocutions –ça fait des mois que j’essaye de la placer, celle-là– pour ne pas passer pour le méchant état qui impose des choses à ses gentils concitoyens, surtout pas, ohlala, ce serait mal perçu. Alors, pour rassurer les électeurs tout affolés, il réunit un comité citoyen, tiré au hasard, la tarte à la crème de la démocratie participative à la noix.
Ah, ben oui, c’est évident, c’est vachement mieux. Je tire au hasard 30 pimpins, sans tenir compte de leurs origines sociales, religieuses, géographiques ni de leurs attachements politiques et philosophiques ni de leur orientation sexuelle, homme/femme pareil, religieux/athée même combat, Droite/Gauche comme qui rigole, tout au hasard. Sauf qu’il n’existe pas de d’équipartition équilibrée dans un tirage purement aléatoire, c’est un principe de probabilité. Alors, je peux aussi bien avoir 30 représentants bien répartis de chaque classe de la société que 30 antivax ou 30 membres du RN, va savoir. Et c’est sur ces braves gens que les ceusses qui nous gouvernent vont s’appuyer pour définir la politique vaccinale ? Naaan, c’est pas ça, j’exagère, en fait ce comité va servir d’aiguillon à notre bon président Jupiter-Esculape Macron et à ses ministres, et va surveiller ce qui sera décidé –si quelque chose finit par être décidé– au nom du Peuple.
Sans aucune formation, sans connaissances virologiques ou épidémiologiques préalables. Au nom du bon sens du Peuple.
Ah, ouais, c’est sûr, ça me rassure vachement…
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