Les Victoires de la Musique viennent de se dérouler. Tout s’est bien passé. Les cases de parts de marché ont été remplies comme convenu par Universal et Sony. La mascarade se devait d’avoir lieu. Sans public mais importante, capitale pour ces artistes tellement abattus par l’absence de concerts et en colère contre Bachelot, et Macron, poil au con! Le sous-Gainsbourg, Benjamin Biolay, artiste de l’année, ben voyons, il faut bien un peu d’humour pour se distraire en ces temps moroses. Et les gages de crédibilité ont été alignés, Jean-Louis Aubert en président de soirée, et pour présenter, Stéphane Bern qui connaît aussi bien la musique que les fermes françaises. L’intime des rois connaît depuis toujours, c’est-à-dire la semaine dernière, le monde paysan. Attention, la polyvalence n’a rien à voir avec l’incompétence. France Télévisions en est la preuve.
Ah ce besoin de récompense! C’est inéluctable. Avoir des médailles, des breloques qui brillent! J’ai toujours cru que la compétition concernait le monde du sport. Mais pas du tout, il nous faut un classement artistique pour vivre. De la compét’ mesdames, messieurs, c’est l’économie qui est en jeu. Et pour que l’économie fonctionne, il faut des consommateurs. Oui je sais, dans consommateurs, il y a trois syllabes de trop. Ah quel univers impitoyable! Chacun doit apporter sa pierre à l’édifice. C’est particulièrement risible mais on ne peut y échapper, de Miss France, aux Victoires de la Musique, les César, mais aussi le Meilleur Pâtissier, le meilleur Cuisinier, enfin tout ce qui fait rêver. C’est pas tout à fait vrai. L’amour et le sexe font rêver et il n’y a pas de récompense. Quelle honte ! Pourquoi pas récompenser la prostituée, révélation de l’année? Ou le Prix de la mise en scène pour escort?
Alors moi, dans quel domaine pourrais-je concourir pour avoir une récompense à la hauteur de mon talent? L’humour, oui pourquoi pas? Mais dans quelle case commerciale? Je ne corresponds à aucune part de marché! Quelle communauté sur laquelle m’appuyer ? L’humour beur, non! L’humour juif, non! L’humour estampillé homo, non! L’humour beauf, non! L’humour, blague Carambar, non! L’humour ringard « c’était mieux avant », j’espère pas! L’humour YouTube/djeunes, bien sûr que non! L’humour militant, non! L’humour provoc, non! L’humour plaidoyer, non plus!
Je n’ai aucune valeur marchande et n’intéresse donc personne pour les prix destinés à faire vendre. C’est bien finalement. La dignité ou quelque chose qui s’en approche. La dignité est un luxe qui coûte cher, si cher qu’il faut souvent choisir entre elle et la réussite, le plan de carrière.
A moins qu’un concours d’expert bidon fasse l’objet d’une remise de prix? Une remise de prix bidon pour une vraie mascarade, ça pourrait être sympa, en mélangeant des experts sérieux, parasites des plateaux télés, et des experts escrocs qui ont d’ailleurs quelques ressemblances avec les premiers.
A part ça, je ne vois pas d’autres domaines qui pourraient me faire concourir, si ce n’est le Prix de l’absurde, celui de l’inutile ou encore celui de la curiosité. Mais comment quantifier l’essentiel ?
L’essentiel ne se compartimente pas, enfin j’ose le croire. Et l’humour dans tout ça? Peut-être l’arme ultime pour faire face aux comptables artistiques, les financiers de la création qui ont toujours raison et le dernier mot.
A part ça, Qi Shi Tsu, lui, est toujours vivant. Trois livres existent pour le vérifier…
A bientôt!
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