Juif, le mot qui se murmure

par | 12 Mar 2019

Anthony CASANOVA est politiquement correct

Dès que l’on aborde le sujet de l’antisémitisme en France, nous pouvons être certains que nous allons devoir répondre à des phrases commençant par «Israël», «sioniste», «Gaza», «USA»… et que la discussion ne va plus tourner autour de la lutte contre l’antisémitisme mais s’embourber sur ce qui, pour l’interlocuteur, n’est jamais antisémite.

A l’instar du «CRS=SS», pour l’antisémite qui s’ignore «antisémitisme=Hitler», et puisqu’il n’aime pas Hitler, il ne peut être antisémite. Ainsi un acte antisémite ne l’est jamais complètement. Même lorsqu’une personne juive est assassinée (Sébastien Selam ou Mireille Knoll), parce que Juive, en France, ce n’est pas par un antisémite mais par un déséquilibré. Malgré une haine des Juifs millénaire, dont le paroxysme fut la Shoah, nous en sommes donc encore à expliquer ce qu’est l’antisémitisme, et c’est navrant.

L’antisémitisme est lié à 3 totalitarismes: l’extrême gauche, l’islamisme et l’extrême droite. Chacun, à leur manière, en flirtant parfois les uns avec les autres, usent du mot «antisioniste» pour justifier leur antisémitisme. Dieudonné est antisioniste, le NPA est antisioniste, les hebdomadaires Politis et Rivarol sont antisionistes, la famille Ramadan est antisioniste mais plus personne n’est antisémite. Il faut dire que l’antisémitisme étant un délit ce serait dommage de ne pas utiliser un synonyme aussi confortable.

C’est donc l’antisionisme, petit cache-sexe grammatical, qu’il convient d’attaquer. L’antisionisme n’est pas une critique de la politique d’Israël mais l’idée qu’Israël n’aurait jamais dû exister. Ceux qui pensent qu’Israël mène une politique coloniale ou expansionniste n’ont qu’à parler d’anticolonialisme ou d’anti-expansionnisme, le vocabulaire est assez riche pour ne pas avoir à se servir d’un terme qui facilite la vie judiciaire des antisémites notoires. Alors pourquoi autant s’accrocher à un mot si délétère? Pourquoi devoir aborder systématiquement l’antisionisme lorsqu’on parle d’antisémitisme? Il ne viendrait à l’idée de personne d’aborder la politique algérienne, marocaine, tunisienne ou sénégalaise etc. lorsque l’on parle de racisme en France. Quand comprendrons-nous que ce traitement de faveur envers Israël n’est que la trace d’un antisémitisme latent?

Ce fantasme du sionisme où l’on y met tout pour avoir la possibilité d’y foutre n’importe quoi, retombe constamment sur l’idée farfelue qu’Israël existe parce que l’ONU aurait voulu «s’excuser» de la Shoah. Certes, les manifestations contre l’antisémitisme c’est bien mais ce ne serait pas superflu d’y ajouter l’éducation. L’une des solutions pour enrayer l’antisémitisme en France serait certainement d’apprendre à l’école l’histoire de la création d’Israël, de privilégier le factuel aux croyances de tous bords car l’histoire du peuple juif c’est aussi notre histoire.
Dénominateur commun de toutes les discriminations, une personne sexiste, homophobe ou raciste débutera quasiment toujours son discours en vous disant qu’elle n’est pas ce dont vous allez finir par l’accuser si elle continue à développer ses arguments. L’antisémitisme ne déroge en rien à cette règle, c’en est même l’exemple parfait.

par Anthony Casanova

Anthony Casanova par Babouse

Par Anthony Casanova

Par Anthony Casanova

Anthony Casanova est le directeur de publication et le rédacteur en chef du journal satirique Le Coq des Bruyères.
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