«Entendez-vous, dans nos campagnes,
hennir ces véloces dadas ?
Ils viennent, jusque dans vos mas
réveiller vos fils et vos compagnes!»
La semaine dernière, on a appris qu’à l’initiative d’un centriste, des députés de tous bords -et manifestement loin d’être débordés- ont voté une proposition de loi ayant pour but de protéger le « patrimoine sensoriel rural» (sic) des plaintes de touristes et de néoruraux contre certains « bruits et effluves » du terroir.
Eh oui, car fini le temps où seuls d’authentiques culs terreux promenaient leurs miches dans les chemins creux bordés de noisetiers: désormais, des visiteurs en col blanc veulent eux aussi passer du temps en compagnie des colverts !
Ce qui n’est pas sans conséquence… En effet, souvenez-vous de cet odieux procès fait par un citadin au coq Maurice, auquel seule une décision de justesse lui a évité d’y laisser ses plumes…
Autant dire que pour ceux qui prophétisaient le chant du cygne des caquètements des poules et espéraient faire la grasse matinée, c’est loupé.
Reste à définir ce que constitue ce « patrimoine sensoriel des campagnes». Il est prévu qu’une fois la loi adoptée, les régions pourront déterminer les caractéristiques de leur territoire. Rien que pour la Beauce et ses champs de blé, ça laisse rongeur songeur.
Est-ce que les odeurs à protéger vont inclure les effluves de gros rouge saturant les bosquets à l’ouverture de la chasse, le doux bouquet des croquenots fumant au retour des champignons, le délicat fumet du lisier un jour de canicule, les délicieuses émanations en lisière d’étang croupi ?
Est-ce que les sons à protéger vont inclure le grésillement des antennes relais, le feulement sourd des éoliennes, le fracas des verres qui s’entrechoquent au bistrot du village, les hourras surexcités du gagnant du bingo le samedi à la salle des fêtes communale ?
Ne faudrait-il pas aller plus loin et protéger l’ensemble de nos précieuses caractéristiques territoriales ?
Proposons la protection du barouf des détonations en Corse, du raffut des crissements de pneus et de tôle froissée sur les départementales de Bretagne, du bruit mat de l’éclatement des poches de silicone sur la Côte d’Azur et du fracas des bris de nez sur les terrains de rugby d’Aquitaine.
Et n’oublions pas Paris ! Protégeons comme la prunelle liquoreuse de nos vieux les grincements de dents des serveurs, le fracas de la rame de métro déboulant sur un quai surbondé de supporters un soir de match direction de Boulogne, les stridulations féminines à l’ouverture des soldes, le tintamarre des sonneries de portables au théâtre, le vacarme des concerts de klaxon à 18 h, et le brouhaha des manifs hebdomadaires !
Vivement le prochain week-end à la campagne. Et contrairement à moi, Maurice pourra y dormir sur ses deux oreilles.
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