À l’heure où le coq va se taire, reprendre la plume pour dire… Et là, se dire :
— « Pourquoi dire ? »
Pour s’en foutre de mieux en mieux, ne faut-il pas plutôt se taire et laisser en plan les questions du genre :
L’éternité est-elle sécable en son milieu ? Est-ce que seuls les amours mous durent ? S’il n’y a pas d’amour heureux, existe-t-il des amitiés tristes ? Le mouton est-il soluble dans la laine ? Quand faut-il employer verge, et quand doit-on dire pénis ? Et surtout, surtout : qu’entend-on par totalité organique cohérente ? Et puis même, tant qu’on y est : « Quand, tend, on ? »
Parfois, l’inéluctable envie de dire débouche sur une inappropriée envie d’écrire. Oui, mais qu’écrire de plus que tous ces mots qui n’auraient rien changé s’ils n’avaient pas été dits ?
Et comment ne pas se dire, au moment de noircir de caractères noirs l’écran blanc, que finalement, tout a été dit. Et comment ne pas conclure ensuite que la seule chose qu’il reste à dire, c’est qu’il faut se taire ? Mais ne rien dire en se taisant, n’est-ce pas encore trop dire ? N’est-ce pas encore ouvrir une possibilité d’arracher au silence le vide des questions profondes du genre :
Existe-t-il un confort écoresponsable ? Est-ce que les imbéciles finissent toujours par être rassurés par l’idée de nation ou est-ce qu’à la fin, ce sont toujours les imbéciles qui assurent le nationalisme ? La vérité sera-t-elle toujours imperturbable ? Nos malheurs n’ont-ils pas commencé lorsqu’ils ont commencé à nous agiter sous le nez la grisâtre notion de rédemption ? Quand Voltaire, Rousseau, Diderot et d’Alembert sont sortis… qui a éteint les Lumières ?
Parfois, plus que de parler pour ne rien dire, j’ai l’impression que plus je parle, moins je dis. Est-ce parce que de plus en plus souvent, quand je vois les réponses, je n’ai plus envie de poser les questions ? Toutes les semaines, avec d’autres, le Coq tentait de s’interroger sans se prendre les pieds dans le tapis de l’actualité. Son cri était celui de la raison, mais la raison ne devrait pas avoir à crier. Elle devrait, comme l’évidence, s’imposer en silence pour laisser les jérémiades désespérées à ceux qui ont la flemme de la chercher.
D’autres continueront, juste pour tenter de dénouer les liens qui nous enserrent.
Et puis peut-être qu’un jour nous retrouverons le besoin de nous exprimer, ne serait-ce que pour faire taire le fracas de ceux qui en disent trop.
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