Le supporter de foot, cet intello

par | 19 Nov 2024

Si l’on y jette un œil sans trop s’y attarder, le supporter de foot ressemble à un être humain vivant, vibrant et souffrant au rythme du club dont il arbore les couleurs, le maillot, le fanion, le logo et l’écharpe dès qu’il le peut. Peu importe la couche sociale dont il est issu, ce n’est qu’en enfilant le costume de son équipe favorite que le supporter prend vie. A ce moment-là, les autres clubs deviennent des adversaires qui se changent en ennemis s’il s’agit d’un derby.

L’enjeu footballistique est assez simple : Le supporter, via son club, représenté par 11 joueurs sur le terrain, est accusé d’homosexualité par les « pédés » qui soutiennent le club d’en face. Afin de déterminer si le supporter est un gay actif ou passif : on demande à un « enculé » d’arbitrer un match dont l’objectif sera de faire pénétrer, le plus de fois possible, un objet, dit le ballon, dans le trou, surnommé la cage, de l’adversaire.
Chaque but provoquera un orgasme dans le camp du pénétrant tandis qu’un sentiment de tristesse teinté d’humiliation s’emparera de ceux qui auront vu la balle pénétrer leur trou. Ainsi naquit l’expression « trou de balle » qui peut, au choix, définir un anus ou un idiot dont la médiocrité est de notoriété publique.

Si, à sa création, le football permettait à différents quartiers d’une même cité de régler leurs problèmes de virilité ; avec le temps, c’est entre les villes puis entre les pays que la rivalité pu s’épanouir. Certes, parfois, les supporters en viennent aux mains mais généralement l’animosité s’estompe gentiment au coup de sifflet final pour mieux se réveiller à quelques heures du prochain match.

Or, si l’on y regarde plus attentivement, sans suffisance, on découvre que le supporter peut également être un fin géopoliticien.
La preuve nous en est venue de nos voisins néerlandais dont on ne connaissait que le goût pour le mauvais fromage, le cannabis, et des femmes que l’on dispose dans une cage, surnommée vitrine, afin que le client de passage puisse lui aussi marquer un but de temps en temps.
Eh bien nos amis bataves nous ont démontré à quel point ils sont soucieux du monde qui nous entoure en sachant traduire des insultes dites en hébreu – ce qui est une performance en soi même si ça n’a eu l’air de surprendre personne – afin d’organiser une chasse géante aux Juifs dans les rues d’Amsterdam.

Quelques jours auparavant, ce sont les supporters de Paris qui ont déroulé une banderole gigantesque pour réclamer la libération de la Palestine en y effaçant Israël de la carte. Qui l’eût cru que les supporters parisiens, qui savent pourtant fermer leur gueule lorsque leur proprio qatari utilise des esclaves pour construire les stades d’une coupe du monde, aient un avis sur la politique ? A moins, mais je n’ose y croire, que le réel enjeu du match ne soit pas le sort de la Palestine mais plutôt de régler celui des Juifs.

Après de tels évènements, on se demande si celles et ceux qui se soucient réellement du peuple palestinien peuvent ignorer le malaise d’avoir pour alliés les ultras du PSG, ceux qui profanent la statue d’Anne Frank, la cour de Dieudonné, et le neurone en garde alternée d’Aymeric Caron et d’Ersilia Soudais ? Ce n’est pas anodin.

Soit on est dans l’équipe de ceux qui veulent libérer la Palestine du Hamas, du Hezbollah, de l’Iran, et de tous ceux qui font de ces pauvres gens le dommage collatéral de leur obsession antisémite. Afin de réclamer la paix, la libération des otages, la sécurité d’Israël et une solution à deux Etats.

Soit on est dans l’équipe qui veut libérer la Palestine de l’existence d’Israël. Pour cela, la balle ne doit plus être en cuir mais en acier, et il en faudra 10 millions pour aller du Jourdain à la Méditerranée.

Par Anthony Casanova

Par Anthony Casanova

Anthony Casanova est le directeur de publication et le rédacteur en chef du journal satirique Le Coq des Bruyères.
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