Ma retraite dans ta gueule

par | 11 Sep 2018

Anthony CASANOVA est politiquement correct

Lorsque l’on est un économiste du dimanche aussi aguerri que je le suis, on se dit qu’avec tant de chômeurs il faudrait raccourcir le temps de travail pour permettre à tous d’avoir un salaire à la fin du mois. Mais voilà, apparemment, selon notre gouvernement En Marche, il s’avérerait que je suis encore plus nul que je ne le craignais puisque la solution serait d’obliger ceux qui bossent à bosser encore plus longtemps. D’où une question plus précise, plus ciblée, plus concrète : Au bout de combien de mois devons-nous mourir après le pot de départ à la retraite ?

Si le problème tient du fait que nous vivons trop longtemps pour ne pas travailler plus longtemps, qu’on nous dise une bonne fois pour toute la période de rab qu’il doit nous rester pour profiter de nos cotisations ? Un an ? Trois ans ? Cinq ans ? Y aurait-il, officieusement, une date de péremption sur un contrat de travail qui dirait : «à partir de tant d’annuités vous aurez le droit de passer 5 ans à la retraite mais, après cette date, ce serait un brin exagéré de ne pas prendre rendez-vous avec les pompes funèbres»?

La retraite ne serait donc pas un dû, mais un cadeau que la société fait à la populace. Un cadeau dont il serait grossier d’avoir envie d’en profiter plus que de raison. Avouons que la formule «travailler pour gagner sa vie» prend ici tout son sens ! Parce qu’une fois qu’on ne bosse plus, eh bien on en perdrait le droit de continuer à vivre. Certes, vous allez me dire que cette sentence est exagérée, voire populiste… certes, mais si ce n’était pas le cas «l’espérance de vie» ne viendrait jamais s’immiscer dans le débat.

La question de l’âge de la retraite va plus loin que quelques mois de plus à bosser, elle pose le problème de la place de l’Homme dans la société. La société veut-elle épanouir les êtres qui la composent ou avons-nous fini par conclure que la société ne fait plus qu’un avec les hommes qui la composent ? Dans le premier cas, repousser l’âge de la retraite va à l’encontre de l’épanouissement personnel, et la société ne verrait l’Homme que par ce qu’il lui rapporte ; Dans la seconde hypothèse, l’individu ne serait plus une priorité pour la société, et cette dernière n’existant que par la somme des individus, elle ne verrait donc pas d’intérêt de se préoccuper du bien-être des uns puisqu’elle n’existe que par l’addition de tous.

Georges Wolinski, qui avait l’art de l’aphorisme, disait qu’il faudrait donner le pouvoir à ceux qui n’en veulent pas. Force est de constater qu’en élisant Emmanuel Macron alias Jupiter, nous avons tendance à donner le pouvoir à celui qui ferait n’importe quoi pour l’avoir. Macron et sa société de «premiers de cordée», méprisent ceux qui rechignent à vivre au sein de la Start-up France : les «fainéants», les «cyniques», «Les gens qui ne sont rien», ceux qui ne peuvent «se payer un costard». Lorsqu’on lui fait la remarque qu’il construit une société inégale favorisant la précarité, il affirme que nous ne sommes pas en mesure de comprendre sa «pensée complexe». Ben voyons !

Une question subsidiaire à la jolie maxime de Wolinski serait de savoir si c’est le pouvoir qui rend mégalomane ou si c’est la mégalomanie qui pousse à prendre le pouvoir ? Peut-être faudrait-il aussi rappeler à tous ceux qui nous gouvernent que s’ils prennent «les gens sont des cons», ils devraient se questionner sur le fait d’avoir été élu par ces mêmes cons.

par Anthony Casanova

Anthony Casanova par Babouse

Par Anthony Casanova

Par Anthony Casanova

Anthony Casanova est le directeur de publication et le rédacteur en chef du journal satirique Le Coq des Bruyères.
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