Ma chère lectrice, j’en appelle à toi, et à ton jugement, nécessairement fiable, puisque délicatement formaté par les coups de boutoirs récurrents et incessants dont le gratifie chaque mardi les saillies de mon esprit, aussi délicat que non dénué de la plus absolue mauvaise foi. Quoique mais quand-même. Je vais te satisfaire une fois de plus, et te conforter dans l’absolu autant que délicieux, (comme il se doit), masochisme qui te fait te pâmer à la vue des saillies absolues, en te disant: ne fais pas comme Loiseau. Mais non, bordel! C’est complètement con, de s’excuser! Bon, d’accord, se présenter, quand on est en quatrième années d’études de sciences politiques et qu’on se dit «de gauche», en position largement éligible sur une liste étudiante dont les faits d’armes politiques les plus marquants, (et connus de tous), consistaient à aller frictionner la tignasse des fachos du camp d’en face, (oui, les gauchos, tu m’as compris), à coups de batte de base-ball, et plus si affinités, c’était quand-même soit très con, soit totalement idiot.
Mais bon, après tout, Jospin a été membre d’un groupe qualifié «d’hitlero-trotskyste» par le parti communiste français, Chirac a vendu l’huma-dimanche sur les marchés, (même si, je te rassure, ce n’est pas ça qui lui a assuré quatre mille boules de frais de bouche quotidiens quand il était à la place d’Anne Hidalgo.) Mélenchon a déclaré, il y a vingt ans, que le Front National était le seul parti qui réhabilitait la politique, et…
-Mais il a dit: «c’est affreux à dire, mais», et il l’a dit parce que…
-Tais-toi, c’est ma chronique! Il l’a dit quand-même!
Et puis tiens, à propos de Mélenchon, tu as vu le coup de pied de l’âne Méluche à Plenel, sur le réseau social au p’tit zoizeau, justement?
-Non, qu’est-ce que tu vas me sortir encore, espèce de réac de gauche?
-«Madame Nathalie Loiseau peut changer d’avis! Plenel sait bien que ça peut arriver, lui qui a embauché le chef de la fraction armée rouge en Argentine Paolo Paranagua.» Comme quoi, on ne se hait jamais aussi bien que quand la convergence de nos idées devrait faire qu’on s’aime. Mais laissons les moutons à Aurore Berger, et revenons à Loiseau en lui donnant le cuicui… La parole, pardon. Je la cite:
«A ce moment-là, j’ai été, d’après mes recoupements – parce que pour être tout à fait honnête j’avais complètement oublié cet épisode –, approchée pour participer à une liste qui voulait accentuer le pluralisme à Sciences-Po, alors quasi inexistant, et qui cherchait des femmes. J’ai dit oui. Si ceux qui étaient sur la liste avaient un agenda extrémiste, je ne les ai pas fréquentés, je ne l’ai pas perçu, et si c’est le cas c’est une erreur.» Et, assurant ne pas s’être «plus que cela intéressée à cette liste», Nathalie Loiseau ajoute qu’elle aurait «sans doute dû regarder de plus près de quoi il s’agissait». Elle affirme ne jamais avoir «milité, tracté, fait campagne» pour le syndicat. Et d’ajouter : «Je m’en souviendrais.» Non, Nathalie, noooooooooon! C’est miteux!
Tu aurais pu dire, je sais pas, moi: «je suis tombée amoureuse du leader, il était tellement monté que j’ai confondu sa batte et sa bite», ou: «j’y suis allée parce que c’est vraiment le seul endroit où on pouvait voir que j’étais une gonzesse», ou: «c’est le seul endroit où il y avait plus de fichus catholiques que de tchadors musulmans», pardon pour le pléonasme. Je sais pas, moi, des choses un peu drôles et provocatrices, pour rendre cette putain de campagne électorale moins sinistre qu’elle s’apprête à l’être. Mais non. Maintenant, la Nath, elle est presque bonne pour dire: «je suis macroniste, mais c’est juste une connerie de vieillesse.» Et, pour clore ce chapitre, une fois de plus désespérant, dans la longue série Finkie et les antiracistes, le philosophe qui, bien que de droite, n’a jamais empêché personne de parler, se l’est fait boucler par les «antiracistes» du groupe: Sciences po en lutte-Institut Clément Méric. Et aux cris de: «Ferme ta gueule !, Fasciste !» Fasciste… Et il y en a même un qui a crié, trois fois de suite: «on va te pendre.» Donc, une petite citation, pour finir, ô mon auditrice: « Le fascisme peut revenir sur la scène à condition qu’il s’appelle antifascisme. »(Pier Paolo Pasolini, en 1975)
par Christophe Sibille
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