«Mettre sa race au racialisme»

par | 16 Juin 2020

Pianotages de Christophe SIBILLE

«Quand on est blanc, on est légitime à parler de racisme si c’est pour reconnaître qu’en tant que blanc on a bénéficié de privilèges, (emploi, contrôle), et qu’on est prêt à ce que ces privilèges deviennent la norme pour tous. Nous devons tous dire stop au racisme systémique.»

Vous m’excuserez si j’ai rajouté les virgules qui manquaient, oubliées par l’auteur de cette sentence définitive, «twittée» sans ponctuation, comme il se doit. Rajouté, au risque d’avoir l’air d’en stigmatiser l’auteur et de lui donner raison sur un point, en me posant d’emblée comme privilégié de l’expression écrite. Écrite sur page blanche. Oups. Bref, j’aurais mieux fait de m’en abstenir, de cette correction. A ceci près que j’ai, du coup, gagné cinq lignes de chronique.
Mais qu’est-ce donc que ce «privilège blanc», ci-dessus évoqué par un ex- footballeur noir de première division devenu joueur de poker ? J’ai nommé Vikash Dhorasoo. Qui, en tant que tel, a donc exposé sa situation de pauvre millionnaire, brimé de la life parce que noir, pendant une quinzaine d’années, devant une bande de sales profiteurs. Evidemment, puisque blancs pour beaucoup d’entre eux. Profiteurs venus l’admirer en train de taper dans la balle pendant une heure et demi. Après avoir claqué pour ça un pourcentage significatif de leurs mirobolants 1500 Euros mensuels de privilégiés.

Alors, oui, que sont-ils, ces privilèges blancs?
«Le privilège blanc est l’ensemble d’avantages, de prérogatives, de bénéfices et de choix immérités et indiscutables conférés à des individus du seul fait de leur couleur. En général, les Blancs jouissent d’un tel privilège sans en être conscients.» (Peggy McIntosh.)

Née en 1937, Peggy est la fille du directeur des laboratoires Bell, leaders de la révolution numérique naissante. Qui fut aussi ce co-inventeur de la «mémoire Rom.» Donc, encore plus riche que blanc.
Ce qui lui conféra le droit de devenir la théoricienne du privilège blanc. A partir d’un article dont s’empareront tous les pédagogues et activistes «progressistes». Article dans lequel la pauvre jeune femme riche à la peau immaculée détaille de manière empirique les présumées vingt-six fois où cette couleur de peau lui a été un passe-droit dans la vie.
Elle est née, a grandi, a vécu dans un environnement très haut bourgeois, qui lui a de toute évidence été beaucoup plus productif pour lui assurer un train de vie ahurissant que son teint d’albâtre. Tout en s’auto-flagellant donc de ce dernier, mais sans aller jusqu’à avoir l’idée saugrenue de faire un tout petit peu profiter de son vrai privilège pécuniaire des personnes plus méritantes qu’elles, bien que dotées d’une peau moins claire.

Tout comme Théresa Downs, qui s’accusa un peu plus tard, sur une affiche exposée en un endroit où passent tous les déshérités de sa ville, d’avoir de manière déloyale profité de ses qualités de visage rose pour braquer des revenus annuels de cent soixante-dix mille Euros. Vraisemblablement que, pour elle, humilier d’autres blancos comme elle, mais qui n’en gagnent que vingt-mille, lui chatouille bien mieux l’ego qu’en faire profiter quelques bronzés, donc potentiellement défavorisés à ses yeux?
Voilà comment le menu déroulant de l’idéologie «progressiste» universitaire américaine a réussi à ce que, à partir d’un fantasme auto-flagellateur échauffant petit à petit des esprits qui n’en peuvent mais, on en vient petit à petit aux massacres inter-ethniques en ex-Yougoslavie, ou à radio Mille-Collines.
Et, plus futile à première vue, (mais est-ce vraiment beaucoup moins grave à long terme), à vouloir effacer «Autant en emporte le vent» de l’histoire du cinématographe. Et, mais là c’est juste très con, à  Vikash Dhorasoo d’avoir l’air beaucoup moins intelligent qu’avec une balle au pied.

Pour finir, allez, je m’exposerais bien au soleil huit heures par jour pendant l’été caniculaire à venir pour participer à l’acte de contrition collectif qui semble se mettre en route en changeant de couleur, mais, ayant déjà été opéré d’un mélanome, je vais réfléchir à une solution d’excuse alternative.

propos recueillis par Christophe Sibille

Par Christophe Sibille

Par Christophe Sibille

Christophe Sibille a enseigné la musique à de futurs instituteurs durant 32 ans. Il a aussi écrit des brèves pour plusieurs journaux satiriques ou humoristiques dont Charlie Hebdo. Dans les années 80-90, il accompagna le duo Font et Val au piano. Il anime sur Radio Balistiq l'émission "Le Balistiq café" tous les jeudi 19 heures
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