Misandrie à part

par | 11 Juin 2019

Anthony CASANOVA est politiquement correct

Nous ne le répèterons jamais assez mais s’il y eut toujours un sort moins enviable que celui du dernier des damnés de la terre ce fut bien celui de sa femme. Qu’on le décrive comme «faible» ou «beau», c’est toujours en tant que deuxième sexe que les femmes furent rangées dans les coulisses de l’Histoire.

Certes, Sappho, Olympe de Gouges, Les sœurs Brontë, Camille Claudel ou encore Marie Curie jouèrent les fameuses exceptions qui confirment la règle d’un genre destiné à rester un faire-valoir. Mais voilà, de suffragettes en IVG, de la parité au hashtag Metoo, la société voit l’avènement des femmes qui en ont marre d’être cantonnées au second rôle.

Branle-bas de combat au sein de la sainte famille Machin déplorant un monde qui se féminiserait par la faute des «délires égalitaristes» de ces femmes et de ces hommes qui parlent de féminisme. Le féminisme, tel l’universalisme, est une pensée politique et philosophique à ne pas confondre avec la «féminité» et «l’idéal féminin» qui ne sont que des clichés. C’est pourquoi le féminisme est autant l’affaire des femmes que des hommes, et c’est aussi la raison pour laquelle le féminisme a autant de détracteurs chez les hommes que chez les femmes. Le féminisme c’est comme le sexisme, c’est unisexe.

La hiérarchisation de l’Humanité a engendré les pires atrocités comme l’esclavagisme, la colonisation, plusieurs génocides et la Shoah. Mais, hormis quelques illuminés, s’il ne viendrait à l’idée de plus personne de classer le genre humain, ce qui serait logique pour tous les hommes ne le serait pas pour toutes les femmes. Car à chaque fois que les féministes ont réclamé une avancée, elles trouvèrent des gardiens du temple patriarcal pour dire «Ah non! On vous a déjà accordé ceci, pourquoi vouloir cela? Et puis quoi encore?».

Il y a toujours une raison pour refuser l’égalité, et ça se résume généralement par «les femmes c’est pas des hommes». La belle affaire. Et pourtant oui, la femme est un homme, rappelez-vous: «Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits». Il y a des différences entre les hommes et il y en a entre les femmes mais au niveau des droits et des possibilités d’émancipation il ne devrait pas y en avoir. Pourtant, nous semblons nous satisfaire d’une société où le dernier des hommes vaudra toujours mieux que la première des femmes.

En France, on a voulu la suppression du terme «mademoiselle» sur les papiers d’identité: tollé. Le cinéma s’est mis à représenter des personnages féminins virils: tollé. Pour inclure les familles monoparentales et homoparentales, on proposa le Parent 1 et 2: tollé. La féminisation de certaines professions: tollé. L’éducation à l’étude du genre: tollé. L’écriture inclusive: tollé. Il y a des femmes qui jouent au foot à la télé? Ça glose et ça juge. Le physique et l’âge de l’épouse d’Emmanuel Macron, ça glose et ça juge. Dès que les femmes sont sur le devant de la scène, entre railleries et mépris, la bande à Ducon beugle que «trop, c’est trop».

Bien sûr, toutes ces railleries et ce mépris, tous ces cris d’orfraie et ce paternalisme, c’est au nom de LA femme. Cette femme qui est belle et tais-toi, cette femme qui est maternelle et antédiluvienne, cette femme qui doit être pudique et discrète, vierge en société et putain lors du devoir conjugal. C’est ça LA femme, ce n’est pas une virago «parce que, vous comprenez, si les femmes deviennent comme les hommes, alors ça dégoutera les hommes, et ce serait une catastrophe».

C’est ainsi, il y a des hommes qui confondent aimer les femmes et aimer éjaculer en elles. La nuance peut paraitre infime et pourtant elle est immense. Que cette engeance de mâles disparaissent, l’humanité ne s’en portera pas plus mal. Ceux qui pensent avec leurs couilles ont toujours les idées flasques.

par Anthony Casanova

Anthony Casanova par Babouse

Par Anthony Casanova

Par Anthony Casanova

Anthony Casanova est le directeur de publication et le rédacteur en chef du journal satirique Le Coq des Bruyères.
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