Mort aux cons, et vive Zineb

par | 8 Jan 2019

Christophe SIBILLE et sa lectrice

En cette nouvelle année après l’année dernière, et à proximité d’un anniversaire qui nous incite à tout, sauf à faire la fête, (pour moi qui écris ces quelques lignes besogneuses en ce soir dominical, c’est demain; et c’était déjà hier, pour toi, amie lectrice qui es en train de te délecter à leur lecture), je ne souhaiterai aucun vœu. Car le seul qui m’obsède la tête en ce moment, c’est de retrouver la santé. Mais uniquement dans le but de mieux (et plus) te faire marrer, hein?

Et le reste, je m’en balec, pour parler comme ma fille. Aucun vœu. Mais toute une série de félicitations. En en oubliant plein, évidemment, mais l’espace m’est imparti, désolé.

Tout d’abord, (et tu pardonneras le côté un peu foutraque du catalogue qui va suivre), un grand bravo à cet ami «facebook», (dont je me demande, suite à ça, s’il va le rester, malgré le fait que je préfère très souvent mes contradicteurs avec ceux qui sont d’accord en tous points avec moi.) Ami qui vient donc d’écrire sur son mur du con, je cite: «Je suis Christophe Dettinger! (Héros G.J. des boxeurs et de la communauté des gens du voyage.) Tous frères en face de la dictature.»

Le jour où il faut être «Charlie», point-barre.

Pour mémoire, cet «homoprényme» à moi Dettinger est le crétin bodybuildé qui a utilisé les moyens de combat dont l’avaient doté sa licence et son titre d’ancien champion de boxe pour défoncer un policier déjà à terre. Un génie, forcément, puisque, entre autres commentaires multiples du même tabac adressés à lui, figurait le suivant: «Bravo au Boxeur ! j’en veut encore 😀 si tout le monde avaient des couilles comme lui ! nos revendications seraient vite acceptées :-D» (J’ai laissé tel quel)…

Bref, je n’épiloguerai pas là-dessus, ô ma lectrice, car je sais que par contre, chez toi, les neurones tiennent avantageusement lieu de gonades. Mais on a là une (double) confirmation que l’épaisseur présumée de ce que certains de tes collègues du genre néanmoins (et burnes en plus) opposé ont entre les jambes ne suggèrent pas son jumelage avec une certaine forme de pensée. Ce qu’on savait d’ailleurs déjà.

Tiens, puisqu’on parle de cerveau et de viande, un grand bravo aussi au multirécidiviste Franck Ribéry, dans son grand sketch: «dans huit heures, je chie jaune.» Comme le dit si bien une expression populaire, «celui-là, il a pas mal au cul.» Personnellement, j’espère que cette défécation aurifiée aura fait mentir le dicton.

En vrac, (mais je t’avais prévenu), un grand bravo aussi au ministre Blanquer, qui veut, je cite «RTL.FR», un «observatoire de la rémunération des profs.» Pas con, ça! Je suggère aussi, dans l’optique «je ne fous pas d’or sur mon entrecôte», pardon, «je ne jette pas l’argent par les fenêtres»: «un institut de contrôle de la repousse sur la boîte crânienne d’Eric Ciotti», ou «un dispositif de vérification de la non reproduction des neurones sous celle d’Aurore Bergé.» Ça, c’est fait. Comme ça, on ne pourra pas m’accuser de ne pas répartir mes baffes dans la gueule entre la droite et la droite.

En ce jour d’anniversaire, je n’oublierai pas non plus la grande militante Rokhaya Diallo, antiraciste entre toutes, puisque son neurone à elle pense qu’un noir ne peut pas être raciste. Et de la part de laquelle on n’a toujours pas, quatre ans après la tuerie qui nous a retiré les meilleurs d’entre nous, entendu les excuses pour la pétition qu’elle a signée et qui, entre autres énormités, contenait ça: «Qu’il n’y a pas lieu de s’apitoyer sur les journalistes de Charlie Hebdo, que les dégâts matériels seront pris en charge par leur assurance, que le buzz médiatique et l’islamophobie ambiante assureront certainement à l’hebdomadaire, au moins ponctuellement, des ventes décuplées.» C’était à propos de l’attaque au cocktail Molotov de 2011, qui, on le rappelle, n’avait fait «QUE» des dégâts matériels. Mais les enculés qui l’ont initiée et signée ne pouvaient pas ignorer, ce faisant, qu’ils donnaient plutôt un sérieux coup de main qu’un coup de pied au cul aux frères Kouachi de toutes sortes.

Et, puisque j’en suis à remuer la merde, un autre petit rappel… Jean-Louis Bianco qui, lui, une fois les attentats perpétrés, avait affirmé qu’on avait le droit de ne pas être Charlie. Donc, le droit de ne pas défiler avec les autres le 11 janvier 2015. Physiquement, ou en esprit. Donc, le droit de ne pas condamner les attentats. Donc, le droit d’accepter le fait qu’il puisse s’en produire d’autres. Donc, éventuellement, pour certains élèves à la perméabilité au fanatisme facilitée par l’absence d’autorité à la maison générant l’absence totale de respect de celle de l’école, le droit d’en commettre d’autres.
Bref.

Je terminerai par un bravo, un vrai, cette fois.
Merci à Zineb el Rhazoui, qui a échappé à la tuerie, qui est nuit et jours sous la garde de policiers la protégeant des enculés de terroristes, (mais pas des insultes et menaces sur les réseaux sociaux), et qui continue à avoir l’irréfragable culot d’affirmer que l’Islam, comme toute religion, doit pouvoir accepter la critique. Et l’humour.

Alors, pour la pétition, c’est ici.

Merci pour elle. Et pour nous tous.

par Christophe Sibille

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Par Christophe Sibille

Par Christophe Sibille

Christophe Sibille a enseigné la musique à de futurs instituteurs durant 32 ans. Il a aussi écrit des brèves pour plusieurs journaux satiriques ou humoristiques dont Charlie Hebdo. Dans les années 80-90, il accompagna le duo Font et Val au piano. Il anime sur Radio Balistiq l'émission "Le Balistiq café" tous les jeudi 19 heures
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