Secret de polichinelle : lorsqu’une personnalité présente des signes alarmants de défaillance cérébrale, il est courant, dans la presse, d’anticiper la nécro du personnage car on prévoit d’avoir autre chose à foutre lorsque le décès sera annoncé comme, au hasard, surveiller la cuisson des nouilles ou faire une sieste.
Bref, Hugo Lloris nous a quitté.
Pour ceux qui s’en rappellent c’était un joueur de football, et pour ceux qui l’ignorent son métier consistait à empêcher un ballon de finir au fond des filets. Vous allez me dire – et vous aurez raison – mais qu’avait fait ce brave garçon pour que l’on ait l’occasion de se souvenir de lui ? Eh bien figurez-vous que la réponse est en soi un paradoxe : rien. Oui, Hugo n’a rien fait, et c’est énorme.
Mais avant de se remémorer ces nombreuses inactions, prenons quelques secondes pour parler un peu de l’homme : 4 membres reliés à un tronc, un cou supportant une tête, des muscles, des viscères, des tissus adipeux, 206 os, 60% d’eau.
Voilà, c’était surtout ça Hugo.
Hugo, c’était un regard qui donnait toute sa profondeur au vide, et un petit sourire si caractéristique de celui qui cherche une réponse à une question qu’on ne lui pose pas.
Voilà, c’était notamment ça Hugo.
Hugo, c’était aussi une image. Une image qu’il savait vendre avec pudeur au Crédit Agricole, à KFC, à Nike, aux téléviseurs LG… car il savait que dans la vie, lorsque l’on est multimillionnaire, on a toujours un peu besoin d’argent.
Hugo avait également un farouche respect des puissants.
Quand on lui proposa d’utiliser gratuitement son image afin de ne pas être qu’un pantin de luxe au service d’un cirque abjecte, il sut dire non. Pas bouger Hugo.
Quand on lui demanda de regarder un peu plus loin qu’un terrain de foot pour contempler les milliers de morts sous le stade, il sut dire non. À la niche Hugo.
Quand on l’incita à agir en faveur des hommes qui espèrent des Droits, il sut encore dire non. Fais le beau Hugo.
Il était comme ça Hugo, il avait cette servilité qu’on ne retrouve guère que chez les chiots qui feraient n’importe quoi pour avoir un petit sucre de leur maître.
Alors, puisqu’à présent il nous faut rendre un dernier hommage à la dépouille d’Hugo Lloris, n’écoutons pas ceux qui souhaitent simplement tirer la chasse pour qu’il aille rejoindre ses semblables, non. Laissons-le là où il est, sur sa pelouse, et ne faisons… rien, comme lui.
Il finira en compost.
Ça lui irait bien.
Lui qui a toujours aimé rendre service.
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