Omnes vulnerant, ultima necat

par | 12 Fév 2019

NAQDIMON fait son malin

Honnêtement, moi qui vous cause, je ne sais pas si vous êtes comme moi –et franchement, je ne vous le souhaite pas, j’ai parfois du mal à m’encadrer moi-même, alors quelqu’un d’autre, pfff, ça risque d’être insupportable, mais bon, passons– mais des fois, je n’ai rien envie de foutre. Attention, je ne parle pas là de la petite paresse passagère, du léger coup de mou, de l’envie de glander de février rapport à ces jours gris et froids, non, là, je cause de la grande rienàfouterie qui vous tombe sur les endosses et qui vous coince dans un recoin de votre quotidien, avec l’envie de se rouler en boule et d’attendre que ça passe. J’en suis tellement là que j’ai failli demander à ma mère de me faire un mot d’excuse pour l’univers, un papier signé disant «Madame la Vie, veuillez excusez mon fils Naqdimon pour son absence pendant deux jours, il n’avait rien envie de foutre». Mais, hélas, la peste soit du temps qui pense, ça ne marche plus, y a plus un surgé à qui refiler le mot d’excuse ni un prof de math-physique à baratiner, bref, on ne peut pas y échapper.

Pour être tout à fait franc, aujourd’hui, je ne voulais pas faire de chronique, car je ne sais plus quoi raconter. J’avais imaginé m’en prendre à Mendax de la Tronche en Biais, qui commence tout doucement à devenir une caricature de lui-même, quitte à se poser comme un arbitre des élégances avec une putain de tache de sauce sur le costard, mais il aurait fallu vous expliquer les tenants et aboutissants, vous dire qu’il s’en prend assez connement au dernier sondage sur les croyances dans la théorie du complot issu de la Fondation Jaurès et Conspiracy Watch, refaire le film et surtout me re-cogner les inepties qu’il avance sur Touitteur, et je n’en ai pas le courage. Qu’il assume tout seul de, comme le disait Cyrano, «S’aller faire nommer pape par les conciles/Que dans les cabarets tiennent des imbéciles», je ne vais pas lui accorder plus d’importance que ça, après tout, s’il veut se souffler dans le cul pour devenir autobus, c’est bien son droit, même s’il risque de ne devenir qu’acrobate et vraiment rien de plus, oui, je sais, je pille Brel en passant, mais je vous avais prévenu, je suis fatigué et je n’ai pas d’idées.

C’est fatiguant de devoir s’en prendre aux gens avec qui on partage plus de choses qu’à ceux du camp d’en face, mais parfois, c’est ainsi. Mais ça ne me redonne pas pour autant l’énergie nécessaire pour aligner 4 000 signes sur le sujet. Non, vraiment, je suis plus vide qu’un ballon de baudruche dégonflé ou qu’un discours social de Laurent Wauquiez. Allez, je vais être gentil, pour faire plaisir à mes amis de Droite –si, si, j’en ai, ils sont bien gentils et ils m’invitent dans des bons restaurants, je vais quand même les soigner-, j’aurais aussi pu dire aussi plat qu’un discours sur l’honnêteté intellectuelle de la part de Camarade Jean-Luc. Ou j’aurais pu parler du sens du dialogue de Jupiter Macron, mais comme ça, ça ferait frétiller Gilles et John et vu qu’ils m’emmerdent de plus en plus, je vais passer mon tour, y a pas de mal à ne pas se faire du mal.

Non, sérieusement, je suis tellement à pédaler dans le vide que je dois commencer deux romans et je n’arrive pas à mettre le starter, c’est navrant, pourtant, j’ai tout dans la tête, suffirait que je m’y mette, mais non, je n’y arrive pas, c’est plus fort que moi, je suis englué dans cette époque poisseuse.

Tiens, vu que je vous en cause, de cette époque poisseuse, je vais quand même me sortir vingt secondes de mon marasme éditorial et vous parler du gerbeux tag antisémite sur la boutique de bagels à Paris. Alors, non, c’est sûr, ce n’est pas pendant que les GJ baguenaudaient dans Paname qu’il a été commis, ça, c’est avéré. Et tous, enfin tous ceux que je connais et qui ont de la sympathie pour ce bric-à-brac revendicatif qu’on qualifie de mouvement protestent de la bienveillance de ses membres et de leur rejet du racisme et de l’antisémitisme. Ben voyons ! La course aux migrants avec des postures de Dupont-Lajoie, les panneaux, banderoles, ticheurtes et autres supports à formules clairement antisémites, les formules homophobes entendues à des carrefours, tout la petite soupe haineuse des cons, c’est pas à la fête de l’Huma qu’on a vu ça, ni à la dernière manif de la Cégète, mais bien sur les ronds-points et dans les marches des surcots canari. Et pas la peine d’attendre une condamnation de la part des organisateurs ou des chefs, vu qu’il n’y a pas d’organisateurs ou de chefs, rien que des revendications. Allez, va bien te faire voir chez les Hellènes, Emmanuel Kant avec ta putain de morale de l’intention et ton éthique de responsabilité, c’est dépassé tout ça, le Peuple est dans la rue et il s’en branle. Ni responsable, ni coupable, la belle affaire.

Un mien contact facebookien me reprocha, il y a peu, de me répéter quant à mes alertes traitent les dérives antisémites de certains.

Il se goure, ce n’est pas moi qui me répète, c’est l’antisémitisme qui se reproduit, nuance.
Quand je vous dis que je suis fatigué…

par Naqdimon Weil

Naqdimon by Ranson

Par Naqdimon Weil

Par Naqdimon Weil

Naqdimon Weil est rédacteur. Il est aussi chroniqueur. Il est surtout social-démocrate universaliste, laïcard et sioniste. Il est gravement quinquagénaire et profondément provincial. Et, évidemment, il est dans le Coq.
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