Bon, au départ, c’était juste une patate. Enfin, je pense. Sûrement qu’un jour, dans sa cuisine ou dans son jardin, l’inventrice ou l’inventeur du concept a vu un gamin ou une mouflette prendre une bonne vieille bintje, ou une rosa, voire une BF 15, va savoir, bref une pomme de terre, puis le gosse y a collé deux punaises pour les yeux, une grosse vis pour le pif et un coup de rouge à lèvres de Maman – ou de Papa, après, moi, je ne juge pas, chacun fait fait fait c’qui lui plait plait plait, tiens, au fait, elle devient quoi, Vally ? – pour faire la bouche et voilà, le minot tout faraud qui se pointe auprès de l’adulte et qui dit « Hé, c’est Monsieur Patate ! ». Et comme qui rigole, plus qu’à trouver un plasturgiste et un designer et boum !, le nouveau jouet de l’année, des flopées de tubercules en plastoc qui se déversent sur la planète, pas un chiard qui n’ait pas son Monsieur Patate. Puis sa Madame Patate. Puis toute la sainte trinité patatoïde, avec toutes les adaptations possibles, cow-boys, astronaute, savant fou, star du X, tout ce qui se peut imaginer pour se vendre. D’ailleurs, la fausse patate est si connue et reconnue qu’elle devient même star de cinéma, elle apparaît dans Toy story et elle crève l’écran, quel succès pour un légume, ça laisse de l’espoir pour une toute une génération de comédiens français.
Et puis arrivèrent les wokes. Attention, pas les woks, ces poêles asiatiques un peu coniques au milieu, histoire de concentrer la chaleur, rapport à que ça manquait un peu de matière première à brûler dans le coin, c’est pas parce qu’on parle de fait de société qu’on ne peut pas en profiter pour se cultiver un peu, aussi, non, ça, c’est normal, une casserole, un tubercule, c’est dans la logique des choses, même si la chérie de Parmentier n’est pas tellement à la mode du côté du soleil levant. Non, je parle bien des wokes, cette nouvelle bande de Savonarole à la crème de Torquemada de bas étage qui ont débarqué depuis peu dans la médiasphère, je soupçonne qu’ils arrivent d’une galaxie très très lointaine, virés à grands coups de lattes dans le fion par un Darth Vader épuisé par leur connerie militante, les wokes donc, qui font du Pierre Dac sans le savoir, en étant pour tout ce qui est contre et contre tout ce qui est pour. Je ne sais pas si c’est le cousin végan du patron d’Hasbro© lors du dîner de Thanksgiving ou si ça vient d’une étude menée au sein de l’université d’Evergreen, l’alma mater de toutes les pignolades actuelles, mais pour finir, voilà qu’il n’y aura plus de Monsieur Patate. Enfin, je veux dire que le bon gros tubercule ludique va perdre son genre.
Genre.
Sérieusement, je présume que ça doit plutôt venir du service marketing du marchand de jouets étasunien qui a analysé le marché et fait de savants calculs pour savoir comme gagner encore deux ou trois petits sous de plus sur le dos de cette pauvre patate en polypropylène, mais le fait est là, à partir de dorénavant et pas plus tard que tout de suite, il y aura Patate. Plus Madame ni Monsieur, juste Patate et charge aux mômes de lui accorder un sexe. Ou pas. Ou plein. Et là, les bras m’en tombent des mains. Qu’on me comprenne bien. Il y a des personnes qui veulent changer de sexe, parce qu’ils n’habitent pas leur corps comme ils le souhaitent, et je suis bien content de vivre à une époque où justement cela devient possible et que les trans ne soient plus mis au ban de la société. Je considère que c’est un progrès de la société de ne pas considérer comme des animaux curieux ceux qui souhaitent devenir enfin ce qu’ils ont toujours sentis être.
Ceci posé, il n’empêche qu’il y a deux sexes biologiques et un troisième sexe accessible, mais que nier que les deux sexes originaux existent ne changent rien à la vie de ceux qui sont en transition. Et imaginer qu’en virant la moustache de Monsieur Patate, on va annihiler une donnée ethnologique fondamentale et que les moujingues ne vont plus remarquer les trois sexes existants, c’est se coller l’index dans l’œil assez profondément pour se gratter la clavicule de l’intérieur. Et surtout, c’est retirer à ces morpions la possibilité de donner à Monsieur Patate la bouche de Madame Patate ou d’offrir à cette dernière la moustache du précédent, c’est leur barrer l’imagination à grands traits de politiquement correct. Sans Madame et Monsieur Patate, pas de couple avec deux Monsieurs Patate, pas deux Madames Patate qui vivent ensemble pour s’occuper de Bébé Patate, un jour fille, un jour garçon et le troisième suivant l’humeur du jour.
Et voilà, en une vraie-fausse bonne idée qui devait permettre de remettre en question le genre, on vire de l’équation tout ce qui permet à un gamin de se dire que Monsieur Patate = Madame Patate et inversement, on pousse dans les marges les couples homos ou hétéros au nom d’un relativisme borné, on fait un Évangile d’un pauvre tubercule.
C’est Parmentier qui en serait tout épaté.
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