Soyons clairs, la peur, c’est plutôt utile comme sentiment. Ça vous évite d’aller chatouiller un tigre en train de baguenauder dans les luxuriantes – j’adore le mot luxuriante, et c’est pas facile à placer dans une chronique hebdomadaire – jungles indiennes, ou de dire au Gros Marcel, ancien champion de boxe 2015/2016 des Yvelines qu’il a une gueule de cul alors que votre seul sport, ce sont les mots fléchés. Bref, la peur, c’est souverain, ça sauve des vies et je pense qu’elle n’est pas pour rien dans la survie de l’espèce humaine, que ce soit face aux bestioles des origines ou face au risque de la destruction nucléaire totale. C’est à cause d’elle qu’on a bâti des murs, des frontières, des fusils, évidemment, mais aussi des médicaments, des vaccins, des vêtements et des réfrigérateurs. Alors, oui, il convient d’avoir peur, pour rester affûté, peur de l’Extrême-Droite, peur des populismes, peur des radicalisations religieuses, peur du Jihad, peur de la lâcheté de nos gouvernants et de la passivité de nos contemporains, peur de la paresse intellectuelle et de la facilité morale.
Certes.
Mais point trop n’en faut. Il ne faut surtout pas que la salutaire peur qui nous fait nous carapater en cas de danger se transforme en trouille verte qui vous scie les guibolles et vous laisse sans réaction. Ce serait contre-productif. Voire dangereux et stupide.
Un peu comme les propos de nos aimables écolos. Car c’est de mes amis verts de trouille que je veux parler dans cette première partie de la Petite boutique des terreurs. Je sens que ça va agacer certains lecteurs et quelques copains de la rédac, mais faut bien que ça sorte. Donc, parlons un peu d’écologie. Non, je déconne, parlons des écologistes. Car parler d’écologie, c’est parler de Science, de développement, c’est tenter d’avoir une approche rationnelle des choses, des risques et des avantages des sciences agronomiques, bref, c’est tenter de voir de quelle manière on doit adapter les derniers résultats des études scientifiques et ceux des progrès techniques, afin de parvenir à un maintien du mode de vie moderne en préservant le biotope général. Bref, c’est avoir l’approche qu’avait René Dumont quand il fonda l’écologie politique dans les années 70.
Or, où en sommes-nous maintenant, de cette promesse de l’écologie politique qui devait allier progrès technique et scientifique et préservation du biotope ? Nulle part, ou plutôt très loin. Car il n’y a plus un seul scientifique qui vient parler au nom des Écologistes, seulement des politiques et des animateurs télé, voire de gentils chanteurs et d’aimables actrices, à la culture scientifique indigne de celle d’un élève de 4e qui aurait séché tous les cours de Sciences Nat depuis le début de l’année. Au lieu des experts – mis à part ceux du climat, mais j’y reviendrai -, nos amis les écolos nous sortent des « lanceurs d’alerte » de tout genre, mélangeant ceux qui dénoncent avec raison un mésusage médicinal et ceux qui veulent faire croire que les vaccins tuent, confondant le mot « chimique » avec le mot « dangereux » et le mot « naturel » avec le mot « sain ». Scientifiquement incultes, nos élus et nos porte-paroles écologistes se précipitent vers la moindre trace d’information anxiogène pour surfer sur les peurs de l’électeur moyen. Quitte à dire n’importe quoi et à créer des paniques indues, alors qu’il existe ailleurs de vraies urgences écologiques, sur lesquelles il faudrait se concentrer. Dès qu’un journal quelconque publie un titre alarmiste sur le nombre de « résidus de produits dangereux » dans les couches-culottes ou les emballages de Banania©, ils sortent de leurs réunions de cellule et hurlent à la mise en danger de la vie d’autrui, sans avoir dépassé le fameux titre, et sans avoir constaté que les « résidus » ne sont en fait que des traces infinitésimales, largement inférieures au potentiel de risque.
Tiens, juste pour rire, vous savez que les scientifiques recommandent de faire baisser d’urgence notre utilisation de l’énergie carbonée – charbon et pétrole – dans nos usages quotidiens. Pour répondre à ça immédiatement, avant que les énergies renouvelables puissent prendre le relais, il reste le nucléaire. Mais le nucléaire, c’est le Mal. Tant pis pour le réchauffement climatique.
La semaine prochaine, je vous parle des marchands de peur du déclassement.
par Naqdimon Weil
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