Et voilà, au bout de quatre semaines, je vous invite à sortir de la Petite boutique des terreurs, histoire de prendre un peu l’air et de réfléchir un brin. Car, même s’il reste deux ou trois rayons à visiter, disons que nous en avons fait le tour et que ça prend un peu la tête, cette galerie de portraits des plus ridicules approches de notre jolie période un tantinet heurtée.
Tiens, moi qui vous parle, j’entends souvent mes proches me demander pourquoi je m’énerve ainsi sur les braves gens dont je vous ai causé au cours des épisodes précédents, pourquoi j’ai la tension en flèche et le palpitant qui bat la chamade quand un représentant de ces heureux gugusses apparaît dans mon champ de vision ou près de ma sphère auditive. C’est vrai, en fait, pourquoi s’énerver pour si peu ? On est en Démocratie, jusqu’à preuve du contraire et quoi qu’en disent les anti-macroniens catatoniques, et il est loisible à chacun d’exprimer son point de vue et de faire librement usage de sa liberté de parole et de penser.
Certes.
Mais non. Enfin, si, bien sûr, moi qui déteste la censure presque autant que je hais les endives, je serai bien le dernier à interdire à quiconque de s’exprimer. Mais je maintiens qu’en acceptant poliment que n’importe quel crétin sous n’importe quel motif, politique, religieux, moral ou métaphysique puisse dire n’importe quoi sous n’importe quelle forme, nous scions joyeusement la branche sur laquelle nous grenouillons paresseusement. Comme le chantait Louis Chedid dans Anne, ma sœur Anne : «Mais beaucoup d’indifférence, de patience malvenue / Pour ces anciens damnés, au goût de déjà-vu, / Beaucoup trop d’indulgence, trop de bonnes manières» dans les années 80, à force de relativisme culturel et de politesse médiatique, on en vient à tendre le micro à tous ceux qui flattent les plus bas instincts et qui produisent du spectacle télévisuel, peu importe le prix.
D’accord, me direz-vous, mais après tout, les citoyens sont des adultes raisonnables et ils sont à même de faire leurs choix en toute conscience. Ben non. Enfin, disons que si LE citoyen est parfaitement équipé pour faire usage de son potentiel cérébral, la foule de citoyens, comme toutes les foules, n’est pas l’addition des intelligences qui la composent mais la somme de toutes les trouilles qui s’y diffusent.
Et c’est ainsi qu’on en vient à avoir une recrudescence des anti-vaxx alors que tout prouve qu’ils se gourent. Et tant pis pour ceux qui ne peuvent être vaccinés, les malades, les immunodéprimés, rien à foutre, plutôt éviter une maladie fantasmée que protéger d’une mort bien réelle d’autres que soi. Et c’est ainsi que pour quelques prénoms qui fleurent la coriandre et le Ras-el-hanout, on nous balance des kilomètres de reportage sur le Grand Remplacement. Et c’est ainsi que pour une étude tronquée dans un news magazine, on jette le bébé avec l’eau du bain et les phytosanitaires qui permettent de nourrir l’humain en quantité au rang des poisons mortels. Et tout ça, sans la moindre preuve, sans la moindre approche méthodologique ou rationnelle, juste en se fondant sur la trouille ancestrale de l’inconnu.
Et pour finir par donner envie aux plus inquiets de voter pour ceux qui leur promettent de les protéger. Et qui sont rarement de gentils sociaux-démocrates, dans ce cas-là.
Alors, d’accord, tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles, Leibniz peut aller se faire cuire le cul et la perruque avec sa pensée gentillette, certes, il faut toujours améliorer les choses et l’état des choses, socialement, écologiquement, politiquement, sociologiquement, oui, des droits restent à acquérir et des injustices restent à dénoncer, des niveaux restent à rattraper. Mais avec raison et sans l’aiguillon de la peur.
Sinon, l’aiguillon, ce sera pour le cul du trop candide citoyen.
par Naqdimon Weil
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