J’ai une histoire très longue et continue avec «Charlie.»
Depuis sa création. Et même avant.
En 1970, j’étais en seconde, et Laurent Cavanna, «le fils de», oui, était dans ma classe. Il apportait quelques numéros de «Hara kiri hebdo» chaque semaine, et on se marrait bien.
Le jour de la publication de la «Une» sur la mort du général de Gaulle, il s’est fait tirer les oreilles par notre professeur de maths, un gaulliste aussi convaincu que dépourvu d’humour. Qui avait du mal à dissocier un élève de seconde et une des plus grandes couv’s de l’histoire de la presse satirique. Est-ce pour ça qu’il nous a également et opportunément opportunément quittés quelques semaines plus tard?
D’toute façon, je m’en foutais un peu. Je devais sentir confusément confusément qu’il n’y aurait bientôt plus de maths dans ma vie.
Mais Charlie hebdo, que Laurent a donc apporté les semaines suivantes, lui, oui, toujours!
Mon père s’est abonné dans la foulée, et c’était même vachement dur de le lui piquer.
Un peu plus tard, grâce à lui, en 1979, j’ai rencontré Philippe Val. Mon daron vendait des instruments de musique à la Varenne Saint-hilaire, Philippe y habitait, il a acheté un piano, cherché un prof, et mon père lui a donné mes coordonnées.
Grâce à Philippe, avec qui j’ai tout de suite sympathisé, j’ai lié une amitié très forte avec Cabu, qui me faisait grâce d’apprécier mon jeu de piano après être venu voir la «Compagnie du chalet» de Patrick Font à la «gaîté Montparnasse», à Paris, en 1982. (Du moins me le disait il. J’en ai conclu qu’il était moins critique musical crédible que dessinateur de génie, mais j’ai pris avec une joie infinie le fait d’avoir eu l’occasion d’être autre chose qu’un groupie béat.)
J’ai joué avec Patrick Font, donc, puis avec Font et Val.
Puis création de la grosse Bertha, puis de Charlie 2è version en 1992. Grâce à Philippe, j’avais l’occasion de venir traîner régulièrement au journal, rue Hovelacque, puis rue de Turbigo, puis porte de Bagnolet.
Un mercredi de mi octobre 2014, j’étais dans la salle de rédac de la rue Jules Appert. Avec Cabu. Avant d’aller déjeuner chez Oncle Bernard, avec qui j’avais lié amitié également.
En entendant à la radio ce qui s’était passé, le 7 janvier à 11h30, je me suis jeté sur mon portable pour l’appeler et être rassuré sur son sort, et sur celui des autres. Messagerie. On connaît, hélas, la suite.
Je n’ai pas réussi, après, à reprendre contact avec la nouvelle équipe. Sauf avec Biche, qui avait fait partie de l’équipe du «Coq des bruyères».
(Je me suis étendu sur «Charlie», dans ce papier, mais je voudrais ne pas oublier la tuerie de l’hypercacher, qui n’était pas dirigée vers des gens parce qu’ils étaient journalistes, mais parce qu’ils avaient pour seul tort d’être Juifs.)
J’espère ne pas m’être mis en avant dans ce papier. Je voulais surtout parler de «Charlie», qui ne m’a jamais quitté quelle que soit l’époque. Je n’ai jamais cessé de le lire, de 1970 à aujourd’hui. Je l’ai aimé à toutes les périodes, et c’est le seul journal que je continue à lire.
Le seul qui continue à défendre toutes les vraies valeurs de la gauche. Sans la moindre auto-censure.
Et sans la gauche, qui les a, hélas, abandonnées.
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