«Que abua Guevara»

par | 8 Mai 2018

Christophe SIBILLE et sa lectrice

J’ai trop envie de chasser mon naturel. Que pourtant il revient au galop à chaque fois que je le mets en selle. Et qu’en plus je n’ai même pas mon permis.
Et donc, envie d’essayer de dire, pour une fois, quelque chose de gentil, à mon voisin et aussi à la cantonade.
Même si la cantonade ne le mérite pas tellement plus que mon voisin, finalement, même si je sais que c’est parfois un mec-une mèche bien. Oui, un mec – une mèche, je sais, j’ai encore quelques problèmes avec la maîtrise sans failles du concept  d’écriture inclusive.
Alors, je cède à un de mes réflexes honteux.
Ouvrir mon compte tweeter.
Ce qui, tu en conviendras, ô ma lectrice préférée, est à peu près aussi productif pour décider d’estimer le genre humain que lutiner une nouvelle amoureuse avec un poster de Christine Boutin au-dessus de ton lit.
Et puis, je tombe là-dessus ; je cite l’auteuse, (car c’en est une) :
« A mon tour d’être migrante pour quelques jours. Direction Istambul pour commémorer le génocide arménien le 24 avril. Rencontres ONG, journalistes, défenseurs des droits humains. »Mais qui donc manifeste cette intention louable de se soumettre à des émotions aussi fortes, dans un évident souci d’empathie envers les malheureux qui se font ballotter sur des flots hostiles, après avoir donné à des négriers des temps modernes, donc aussi sauvages que ceux des temps anciens,  les économies de toute une vie pour échapper aux coups, vexations, sévices, tortures, de compatriotes qui le sont encore beaucoup plus, hostiles, tant la nature n’arrivera jamais à la cheville de l’homme dans l’ignominie et la génération du malheur ?
Une députée.
Macroniste.
Qui se rend à l’aéroport.
En taxi, bien sûr.
Pour un vol qui se dirige vers Istambul, ça, on l’a déjà dit.
Vol payé par le parlement, donc, par vous.
Et un peu moi, aussi, faut pas déconner.
Protégée par son statut.Et, qui plus est, très peu de temps après avoir participé personnellement au vote d’une loi dont le moins qu’on puisse dire que, si elle prenait son tweet au pied de la lettre, elle se prendrait elle-même par la peau du cul pour se foutre dans un canot dans lequel on ne lui servira pas le Mumm’s et les p’tits fours à tous les otages … étages, pardon, c’est l’émotion !!
Après être revenu de gerber, je tombe sur l’autre tweet suivant : « ce n’est pas un monstre froid et calculateur que j’ai rencontré ; c’est un homme perdu et bouleversé, qui sait l’ampleur du mal qu’il a commis … »
Là, je crois que je vais redégueuler. Avant d’avoir eu le temps de me lever, cette fois. Et, pourtant, sans vouloir entrer dans les détails, ô ma lectrice, je pensais bien m’être totalement vidé la première fois.
Ah, mais suis-je con, j’ai tout lâché avant de te dire qui c’est, cet homme bouleversé !
Qui a pris le temps de ne pas se perdre, en tous cas, pour aller acheter ses comprimés de viagra, avant de partir en quête de cette frêle et pimpante gamine de treize ans, qu’il a forcé de lui faire une fellation avant de l’étrangler et de la violer, je ne sais plus dans quel ordre, parce qu’elle manifestait une certaine réticence à accepter cette preuve de connaissance du mal qu’il allait commettre ?A moins que le baveux, (car c’est lui), auteur de ce tweet ait voulu nous persuader que la gamine ait foncé s’empaler elle-même sur la bite de l’enculé, (belle performance yogesque de la part de ce dernier, au passage), pour s’excuser « a posteriori » d’avoir mis les dents au cours de la fellation qu’elle l’a presque forcé à accepter alors qu’il priait en pensant à ses enfants à lui ???
(Je dois à ma lectrice, qui ne parle pas l’Audiard dans le texte, puisqu’elle est allé à l’école Belkacem, qu’un baveux, c’est un avocat. Et le pro du droit, pas le fruit, sauf quand c’est Dominique Besnehard qui le bouffe en parlant.)
La totale, et je vous jure que c’est vrai ; le tweet suivant, c’était : « j’interviendrai à l’université de Tolbiac ce vendredi 20 avril à 15 h. pour aborder les questions de l’homoracialisme et de l’impérialisme gay. Je serai accompagné par le parti des Indigènes de la République. (Les mouvements sociaux et la question de la race ; les angles morts de l’extrême-gauche blanche.) »
Guevara, reviens, ils sont devenus fous !
(Guevara, le chien twittos, pas le toubib des terres du sud.)

(D’après « 69, année érotique », de S. Gainsbourg.)
« Chaque jour, y’a qu’à voir, aux infos
Sens-toi coupable, et qu’ça saute
Oui, c’est chacun pour sa peau
Mais à qui donc, la faute ?
On en aura jamais assez
Jusqu’à ce qu’on soit tous cannés.
Réseaux sociaux, vous puez la pisse !!
Mais que fait donc la police ?
Quoi de neuf, été anémique,
Rien de neuf, année émétique. »

par Christophe Sibille

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Par Christophe Sibille

Par Christophe Sibille

Christophe Sibille a enseigné la musique à de futurs instituteurs durant 32 ans. Il a aussi écrit des brèves pour plusieurs journaux satiriques ou humoristiques dont Charlie Hebdo. Dans les années 80-90, il accompagna le duo Font et Val au piano. Il anime sur Radio Balistiq l'émission "Le Balistiq café" tous les jeudi 19 heures
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