A l’approche des élections européennes dont l’importance est inversement proportionnelle au désintérêt qu’elles suscitent, nous venons d’apprendre que Raphaël Glucksmann, du mouvement Place Publique, conduira une liste en associant le Parti Socialiste. De leur côté, Benoît Hamon et sa Génération.S, veulent présenter une liste qui «ressemble à la France». Pas très loin de ce petit monde, Yannick Jadot et ses camarades écolos partent aussi en solo pour sauver le climat tandis que le PCF, emmené par un illustre inconnu, proposera une liste pour voir s’ils réussiront à faire encore moins bien que la dernière fois. En parallèle, pour ne pas dire en oblique, les affidés de Mélenchon préparent le baroud d’honneur de la France Insoumise qui, comme à chaque déroute électorale de Jean-Luc, devrait changer de nom pour préparer la prochaine.
Nous ne le répéterons jamais assez mais c’est un calvaire d’être de gauche. Se dire de gauche, se penser à gauche, c’est vivre perpétuellement une auto-analyse où l’on essayerait de se convaincre que c’est en voulant bien faire qu’on n’a rien fait. Alors qu’être de droite, c’est hautement plus stimulant! A droite, on agit, ça foire, et on décide de continuer de la même manière en attendant que ça finisse par marcher.
A gauche comme à droite, nous avons tous conscience que le monde ne tourne pas bien rond, et nous essayons d’y remédier différemment… Par exemple, et pour user d’une métaphore fine et printanière: à droite on se dit «puisque le monde est à chier, il faut faire du fric avec de la merde», alors qu’à gauche on pense que c’est en rémunérant convenablement les salariés de l’industrie excrémentielle que l’on va rendre le monde plus propre.
Quand on est de gauche, on est «la» gauche et celui qui n’est pas de «notre» gauche devient irrémédiablement quelqu’un qui n’est pas ou n’est plus de gauche. C’est complexe mais nous pourrions le résumer par le fameux «un pour tous et tous pour moi» qui semble être la devise d’une gauche, jadis plurielle, qui ne se remet toujours pas d’avoir dynamité l’élection de Jospin en 2002. Du microcosme qui va des socialistes aux communistes, on aime rassembler la gauche tout en rivalisant d’ingéniosité pour la diviser. C’est une technique assez audacieuse qui permet de perdre la tête haute au cri de «plutôt crever que de gagner avec les cons d’à côté», et ça tombe bien puisque, crever, c’est ce que la gauche fait de mieux en ce moment.
Ainsi, au grand dam de celles et ceux qui espèrent une société sociale et solidaire, laïque et écologique, la France enverra au parlement européen une majorité de députés venant du Rassemblement National. Bref, pour paraphraser Cavanna, en découvrant le résultat et le taux d’abstention record le soir du 26 mai, nous en conclurons que l’Europe est une jolie fille, pomponnée et maquillée, assise sur un tas de merde.
par Anthony Casanova
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