Septembre. Chaque année, c’est le même programme. La rentrée des classes avec les cartables trop lourds et les premières grèves annoncées, les foires aux vins où chaque enseigne essaye de grappiller quelques jours sur la concurrence pour séduire l’amateur en mal d’informations, les bonnes résolutions avec en tête de liste les kilos à perdre sans tomber dans les pièges de «Comme j’aime», et arrêter de fumer avant de casser sa pipe ou penser qu’il vaut mieux rester à deux dans son couple.
On a l’impression que la rentrée, c’est une forme de routine tous les ans, avec une inflation qui ne varie que d’un dixième de point, tout comme les chiffres du chômage. Heureusement, l’excitation nouvelle vient souvent de la case justice, après avoir digéré le feuilleton de l’été, (Benalla en 2018, De Rugy en 2019). Une rentrée sur les chapeaux de roues dans les tribunaux avec Ferrand, l’honnête Balkany qui pensait comme nous que le 92 n’avait pas les mêmes règles du jeu financières que le reste de l’hexagone, et Mélenchon, fossoyeur de La France Insoumise, ressourcé en Amérique du Sud mais pas suffisamment pour être efficace dans la drôlerie.
De ce côté-là, en septembre 2019, on a du neuf. Mais la grande nouveauté de cette rentrée, c’est celle de la reprise d’activité des gilets jaunes qui n’existaient pas les années précédentes. Et un fait marquant, des gilets jaunes qui le portent de moins en moins, un effet du réchauffement climatique sans doute, avec une météo favorable. Le noir résiste mieux avec les fameux rebelles blacks blocs, ces petits bourgeois qui essayent de se grandir grâce à une conscience politique acquise après leur journée de travail salarié. Nouveauté encore sous le label commun des revendications variées et colorées. Les marches pour le climat avec les jeunes qui ne crieront jamais assez forts pour réveiller les vieux cons décideurs et pourrisseurs de la planète. La légitimité de ce combat n’est plus à démontrer. Celle des retraités porte plus à critiques car on s’est éloigné, une nouvelle fois, de l’idée de solidarité pour rentrer en chantant dans celle des corporatismes, selon l’adage immuable que le voisin est par nature, mieux traité que moi. L’injustice, si elle est à géométrie variable, a un ancrage permanent, celui de la subir soi-même sans que ses semblables le sachent.
Alors, j’entends que le 45ème samedi des gilets jaunes n’a véhiculé qu’un brouhahas de revendications. Le seul slogan audible, c’est « Pas content ». C’est vrai que ça permet d’avancer surtout pour Amazon qui un jour (c’est promis) paiera les impôts dus en France, et qui en attendant, portent sa contribution quotidienne à la pollution et à l’augmentation des déchets d’emballage. Mais bien sûr les commerçants qui ferment les boutiques le samedi sont des mauvais joueurs. Dans les revendications de rentrée, il ne fait pas oublier les violences policières. Les méthodes de cons entrainent des réactions de cons. On a les flics qu’on mérite même si personne ne mérite l’incompétence d’un donneur d’ordre nommé Castaner avec son ombre Nunez. Il y aura d’autres sujets à trouver pour aller dans la rue, avant les frimas des mauvais jours pour sentir la franche camaraderie des damnés de la terre. Je n’ai pas le loisir de fournir une liste de sujets inédits mais je vais me pencher sur la question. Ah nostalgie des grandes luttes, quand tu nous tiens! Un peu de mal quand même mais quand on est libre de ses mouvements, on a tendance à être libre des mouvements.
PS: En liberté sur la scène du Lézard, les 27 et 29 septembre pour « Qi Shi Tsu et moi ». C’est dans le Var, à Cogolin.
A bientôt !
Par Thierry Rocher
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