Non seulement Jean Yves Le Drian déconseille « fortement et totalement » le voyage à l’étranger, mais on a en plus appris jeudi dernier que les voyageurs devront se soumettre à un isolement de 7 jours au retour des vacances, rendant encore plus pessimistes les professionnels du tourisme.
Et encore plus pessimistes que les professionnels : Vous, moi, tout le monde, à savoir, les touristes.
Le mot touriste semble se populariser à partir de 1816 et Stendhal contribue à son usage avec Mémoires d’un touriste, publié en 1838.
C’est d’ailleurs en touriste lors d’un voyage à Florence en 1817 que le grand écrivain été victime d’un malaise désigné sous l’expression « Syndrome de Stendhal », frappé par la beauté de ce qu’il voyait.
Heureusement, si on peut reprocher beaucoup de choses au tourisme de masse et aux clubs de vacances, ils ont au moins une qualité que l’on ne peut pas leur retirer : ils préservent de ce syndrome!
Car l’avantage indéniable de vacances dans un club de la Costa Brava, c’est que ce n’est pas en contemplant les œuvres en pâte à sel confectionnées par les participants de l’atelier poterie qu’on risque une attaque de panique.
Les vacances ! C’est le plaisir d’échapper un moment aux hurlements de votre boss, au bruit infernal de klaxons et à la laideur des constructions urbaines, pour trouver enfin le calme et la volupté dans la discothèque d’un camping naturiste de 3 000 personnes…
Voyager, c’est aussi aller à la rencontre de l’autre, de ses us et coutumes, vivre l’altérité, en oubliant ses propres codes… (de toutes façons le pickpocket qui vous a tiré votre carte bleue au marché de Mexico n’en a pas besoin pour vider votre compte).
Voyager, c’est aussi découvrir cet étranger… et cet étranger, c’est l’allemand en claquettes chaussettes, qui s’exprime dans un dialecte aux sonorités déconcertantes mais qui, en dépit de son air farouche, peut se montrer très amical autour d’une pinte de bière à 10h du mat.
D’ailleurs, l’invasion des plages thaïlandaises par les allemands en short est-elle vraiment moins redoutable que celle commise par leurs grands-parents en uniforme ? Esthétiquement, ça se discute.
Et puis, il est faux de dire que le voyage contemporain ne permet plus l’aventure comme aux débuts du tourisme et ne donne plus accès à la culture, il suffit d’embarquer sur une Costa croisière pour revivre le frisson des naufrages d’antan tout en ayant l’impression d’être dans une réplique du radeau de la Méduse.
Mais, tout n’est pas perdu, en attendant de pouvoir voyager de nouveau : profitons de cette mode, celle du « dark tourism » qui consiste à visiter des endroits évoquant souffrance, mort et peur. Pas besoin de traverser les frontières pour aller visiter l’île de Gorée ou la centrale de Tchernobyl, il suffit de prendre la ligne 12 et de descendre rue de Solferino.
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