En ce début d’année marqué par quelques soucis avec le pouvoir d’achat, j’ai pensé qu’il pouvait être judicieux de reprendre les grandes lignes de ma chronique de décembre, lors de la Revue de Presse de Paris Première Il s’agissait de fêter Noël en étant pauvre.
J’ai décidé de m’adresser aux pauvres qui ne me contrediront pas puisqu’ils ne regardent pas Paris Première. Je peux très bien parler des pauvres : j’ai vu des reportages sur Arte et j’ai de très bons amis macronistes qui en ont croisés. Il s’agit donc de fêter Noël avec peu d’argent. Ça tombe bien pour les pauvres qui sont croyants, vous allez pouvoir reconstituer la crèche en famille, et le petit dernier fera Jésus. En ville, c’est parfois difficile de trouver de la paille, alors faîtes la crèche avec du carton. Il vous suffira d’en emprunter à des SDF quand ils dorment. En effet, en ville, ceux qui sont sur la paille sont sur un carton. Après l’animation, il faut penser à ce qu’on met dans les assiettes, enfin, pour les pauvres qui ont des assiettes bien sûr. Je rappellerai aux pauvres qu’ils peuvent être écolos en évitant les couverts et assiettes en plastique car les pauvres, vous le savez, ont tendance à préférer le plastique à la porcelaine. L’avantage de la pauvreté, c’est qu’elle stimule l’imagination. Les riches achètent sans compter, sans penser à celui qui produit alors que le pauvre est fier de sa recup. La créativité d’un sapin de Noël de pauvre, c’est merveilleux, avec des œufs décorés, des guirlandes de nouilles et des Père Noël en tickets de métro.
Alors, pour le menu de fête, place à l’imagination. Pour les entrées, chacun ses goûts, carottes râpées festives ou taboulé gourmand. (ce qui différencie le taboulé gourmand du taboulé ordinaire, c’est qu’il est gourmand). Le plat principal doit être gai et c’est la présentation qui fera la différence. Un plat de boulette de viande, achetées au rayon frais, enfin presque frais à – 40% en fin de date limite de vente accompagné de salsifis au jus (c’est le jus de la boite) que vous recouvrez abondamment d’une sauce Mésitout.
Si vous êtes végan, gardez juste les salsifis dans leur jus. Mais oui, on peut être pauvre et végan. Au moins, tu as de bonnes raisons de ne pas manger ce qui est bon. Le dessert, la buche, oui une buche de bois bien propre pour présenter des fruits récupérés en fin de marché. Fruits de saison bien sûr car il faut respecter les cycles de la nature, la pauvreté n’empêche pas d’être écolo.
Pour boire, le Champagne, c’est surfait, soyez original, préférez un bon mousseux dans lequel, pour les enfants, vous ajouterez de l’eau car ils doivent, eux aussi, ressentir l’esprit de fête, en plus du mal de tête. La touche de Noël, le chocolat. Alors j’ai fait des truffes car c’est facile, pas cher, et vous pourrez apporter une touche personnelle qui ravira les invités. L’originalité, c’est qu’elles sont fourrées avec des insectes de saison. Pas la peine de faire des frais avec des insectes exotiques. Là, vous avez des blattes, taille moyenne, et punaises de lit, plus croquantes.
Je n’ai pas parlé des cadeaux que les nantis mettent au pied du sapin. Pas de ça pour nos amis les pauvres qui sa sont au-dessus de ces considérations mercantiles car le cadeau qui a le plus de valeur, c’est l’amour dans les yeux de ses proches qui brillent en silence et qu’on entend la neige tomber. Chérie, si tu m’écoutes, c’est un sketch. Pour moi, tu peux refaire comme l’an dernier avec la caisse de grands crus.
Alors pour finir, un message de Noël du célèbre Qi Shi Tsu qui d’adresse aux pauvres: « Pensez à Jésus, très pauvre dans son étable, et pensez à la richesse qu’il a générée en 20 siècles, car c’est en étant sur la paille qu’on se fait du blé. » Et puis les pauvres, soyez lucides, quand je vois tous mes amis aisés qui souffrent chez le dentiste et qui aimeraient être comme vous, des sans-dents !
Par Thierry Rocher
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