Normalement, si je me laissais aller à mon penchant naturel qui est celui de défourailler à la Thompson sur mon propre camp, je devrais dégoiser sur cette merveille d’ineptie politique qu’est la Primaire populaire. Sérieux, c’est un truc tellement débile qu’on pourrait croire que ce sont des gens de Droite qui ont monté ça pour se foutre de ce qui reste de la Gauche. Imaginez, on vous demande de désigner un candidat, pas avec un choix facile, genre « Quel candidat souhaitez-vous pour une Gauche unie » et basta. Non, là, c’est pire que l’élection de Miss Andouille du Val d’Ajol, vous devez choisir qui vous préférez sur différents sujets, attention, je mélange, je mélange te devant vos yeux ébahis, voilà une candidate qui sort du chapeau parce qu’elle a une bonne moyenne sur des tas de sujets, hop, circulez y a plus rien à voir. C’est pas une primaire, c’est un conseil de classe.
On aurait pu espérer peut-être une petite analyse des programmes, non ? Et puis, il pue Roussel ou quoi ? Il a insulté la grand-mère d’un des créateurs de ce cirque pitoyable ? Il a pissé sur un totem convergent sacré ? Notez bien, je m’en contrebranle de son absence à ce truc, au moins autant que lui s’en cogne, mais ça m’épate et pas que de Panzani© de constater que le candidat du PC n’est pas retenu pour la « Primaire populaire », j’irais même jusqu’à dire que ça me titille le neurone à marxisme… Mais bon, on a le résultat, dont tout le monde se cogne, sauf Mââme Taubira, c’est du passé, un vague épiphénomène d’une Gauche en pleine agonie et fermons le ban.
Car, si je compte bien, moi qui vous cause bi-hebdomadairement, je constate que toute la Gauche ça fait 25 pauvres pourcents, si j’y rajoute les 30 de Le Pen et Zemmour, reste 45 % que se partagent Macron et Pécresse, en deux tiers un tiers, ça veut dire que la Droite existe encore, elle, et qu’il va bien falloir s’y intéresser. Attention, je parle ici de la vraie Droite, la traditionnelle, mélange de nostalgiques du gaullisme de papa et du capitalisme de papy et de jeunes loups libéraux, mais trop, des fois qu’il y aurait besoin de fonctionnaires, on ne sait jamais. Pas de l’extrême, faut pas tout mélanger. Quoique…
Pour le représenter, hop, cette année, c’est changement de style, on a Mââme Pécresse, la gentille blonde BCBG, voire FHCP, limite MCMCMQ – OK, pour les plus jeunes qui ont loupé les années 80, je développe. BCBG, ça, c’est connu, Bon Chic, Bon Genre, FHCP, c’est plus ardu, c’est Foulard Hermés Collier de Perles, et pour finir, MCMCMQ, Mon Cheval, Mon Château, Merde Quoi, vous mordez le topo – qui a l’air d’être aussi balaise en social et espace urbain périphérique que moi, je suis spécialiste en zumba brésilienne. Attention, je ne dis pas qu’elle ne connaît pas le sujet, elle en a certainement entendu parler dans les pages du Figaro™, peut-être même qu’elle a déjà becqueté un kebab à Saint-Denis pendant une tournée électorale, mais franchement, comme championne des besoins du peuple, j’ai des doutes. Même si elle a été soutenue par Gims lui-même, si, si, j’vous jure, mais ça, ça devait être avant les vœux de fin d’année.
Bref, la charmante Valérie, toujours calme et retenue se lance pour conquérir le pouvoir. Et, sans déconner, elle a ses chances. Ce qui ne serait pas de chance, déjà que Macron est loin d’être le parangon de la défense des plus faibles, mais là, avec la Passionaria du XVIe, va pas faire beau être pauvre. Sans être un dangereux gauchiste, pas trop le genre de la maison, je pressens que ça va tailler sec dans les budgets sociaux au nom de la sacro-sainte dette et qu’on n’a pas fini de voir des fonctionnaires se coller en grève rapport aux conditions de travail dégradées et dégradantes.
Parce qu’il faut bien le dire, le fonctionnaire, c’est le gibier favori de la Droite et elle n’est pas en reste la Valoche, déjà à annoncer qu’elle va sabrer dans la fonction publique, j’en connais des qui sentent déjà une bonne vieille sueur couler dans leur sillon glutéal. À la hache qu’elle va y aller, pas de pitié pour ces feignants qui étaient portés aux nues en 2020, mais, hé, qui se souvient de 2020, c’est vieux, ça, c’est has-been. C’est comme le service public, c’est totalement dépassé, faut faire du neuf, de l’externalisé, sinon, on va passer pour des ringards au prochain Davos et Roux de Bézieu en a déjà une demie-molle rien que de penser aux belles économies. Économies qui permettront de financer le secteur privé, le pauvre, qui se sert la ceinture depuis trop longtemps. Attention, le VRAI secteur privé, celui qui exporte et qui verse des dividendes, pas le pégreleux et ses trois ouvriers au fin fond de la Creuse, ceux-là, ils ne seront pas dans le train de la reprise libérale qui a des subventions.
Et puis, avec l’aide de Simplet, de Ciotti, pardon, je les confonds toujours ces deux-là – putain, je vois gros comme une maison qu’il va aller s’installer place Beauvau, le comique pas drôle, ça va être mignon, comme quinquennat… -, ça va bien viser l’immigration. Ce dont le citoyen français moyen se branle, mais ce qui donne un sursaut de libido à l’électeur traditionnel de Droite. Je ne vais pas faire mon internationaliste à deux ronds, je ne suis au NPA, Dieu merci !, un pays a bien le droit de choisir sa politique d’immigration, mais franchement, faire des migrants et des réfugié le problème number one de la France, c’est juste prendre le citoyen pour un con. Et l’immigrant pour une excuse facile.
Et je ne vous cause pas de la Culture, bête noire des plus réacs – euphémisme – des LR, ça va trembler sévère dans les institutions culturelles publiques, d’ici à ce qu’ils nous collent Sardou au Ministère, y a qu’un pas. Putain, à la limite, ça fait peur !
Bon, d’accord, c’est pas encore fait, Macron peut encore l’emporter, d’ailleurs, il est largement favori. Mais ça, ce n’est pas totalement fait pour me rassurer. Parce que moi, vieux social-démocrate qui ne votera plus à Gauche tant qu’elle sera dans cet état, si je n’ai pas à empêcher Le Pen de poser son cul à l’Élysée, je me demande si en cas d’un duel Macron-Pécresse, je n’irais pas à la pêche.
Et je crains de ne pas être le seul.
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