Rire de Balkany

par | 24 Sep 2019

Anthony CASANOVA est politiquement correct

Depuis quelques jours, les prisons surpeuplées de France comptent un détenu supplémentaire: Patrick Balkany. A l’annonce de son incarcération, les rires et les bravos n’ont pas manqué. Il faut dire que cet homme politique de droite ne devant sa notoriété qu’à sa médiocrité, ce beauf notoire, cet escroc patenté, n’inspirait de la sympathie qu’à ses amis, sa famille, et à certains électeurs de Levallois-Perret. Cependant, si nous aurions pu -au nom de la société- nous satisfaire d’une amende le laissant sur la paille et d’une inéligibilité à perpétuité, il en est tout autre de se réjouir à l’idée que Patrick Balkany finisse derrière des barreaux.

En partant du principe que la cohérence ce n’est pas que pour les autres: On ne peut pas le lundi dénoncer la surpopulation carcérale, l’insalubrité des prisons et le manque de moyens de l’administration pénitentiaire pour applaudir à tout rompre le vendredi en apprenant que Balkany est en taule. Parce qu’en vérité, d’où nous viendrait ce «plaisir» de savoir Balkany en prison si ce n’est celui de l’imaginer «en baver»? Ce sont les humiliations et les angoisses de la vie carcérale qui nous font jouir? C’est qu’il puisse «ramasser la savonnette» qui nous fait saliver?

La prison qui, en gros, prive une personne d’arpenter le même trottoir que nous, ne devrait être envisagée que si cette personne est un danger pour la société. Un violeur, un assassin, un terroriste, un caïd, un harceleur, une personne violente… oui, pour ces gens-là, le Code pénal n’a rien trouvé de mieux que l’isolement puisque le but premier est de protéger le quidam qui pourrait être une victime potentielle de ces cons-là. Mais merde, en quoi boire une bière à la table voisine de celle de Balkany pourrait nous mettre en danger? En le croisant dans une ruelle sombre, ça nous mettrait en insécurité? Non, bien sûr que non. Alors, en quoi le priver de sa liberté de mouvement serait logique? L’enfermement d’un être humain ne devrait pas être une solution «logique» que l’on balance à tour de maillet dans un tribunal.

Avec Balkany aujourd’hui, comme avec Bernard Tapie hier, l’occasion nous est donnée de raisonner sur l’enfermement. De mettre en avant cette absurdité qui amène la société à se délecter de voir un voleur de pommes, fussent-elles en or, conduit au cachot pour que Monsieur et Madame Tout-le-monde puissent rire en l’imaginant chialer. La prison est en pratique, comme en théorie, un problème qui feint d’être une «solution». On ne devrait enfermer que ceux dont la liberté est un danger pour autrui.

Au 1er mars 2019, on comptait 71 037 détenus pour 60 867 places opérationnelles. Les prisons ne sont pas pleines d’innocents, en revanche, elles débordent de gens qui n’ont rien à y foutre.

par Anthony Casanova

Anthony Casanova par Babouse

Par Anthony Casanova

Par Anthony Casanova

Anthony Casanova est le directeur de publication et le rédacteur en chef du journal satirique Le Coq des Bruyères.
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