Tous en chœur

par | 27 Mar 2023

Une fois n’est pas coutume, je vais profiter de l’espace qui m’est proposé par «le Coq», mais surtout par moi-même, faut pas déconner, pour faire un peu de promo personnelle.

J’ai le bonheur insigne d’être le directeur de deux ensembles vocaux, l’un mixte, la chorale de l’Inspe, et l’autre exclusivement féminin «chœur de chanvre». Qui s’appelait initialement tout bêtement «chœur de chambre», absolument pas pour des raisons d’ordre sexuel mais tout simplement en fonction du nombre restreint de chanteuses. Comme «orchestre de chambre», si vous voulez. Son nom est donc imputable uniquement à une action de sérendipité d’un journaliste de la nouvelle République qui, à l’occasion de l’annonce dans ses colonnes de son premier concert, et sous l’effet d’on ne sait quelles volutes répréhensibles sur le plan légal, l’a donc baptisé: «chœur de chanvre».

Cet ensemble doit se produire le samedi premier avril. Aucune allusion piscicole dans cette date, rassurez-vous. Ou pas, au cas où vous soyez réellement mélomane. Non, je déconne, c’est vraiment bien. Venez.

Ca se passera à l’église du Poinçonnet, près de Châteauroux, dans l’Indre, France. Et il paraît, Anthony, que le curé n’est pas commode du tout. Et qu’il exige d’avoir un droit de regard sur la programmation qui se donne dans son église. Et qu’un ami dirigeant un autre ensemble participant à ce concert s’est fait retirer deux chansons de son programme.

La ballade nord-irlandaise, de Renaud.
Et les Champs-Elysées, de Jo Dassin.

On peut, à défaut de l’accepter, comprendre que «tuez vos dieux à tous jamais, sous aucune croix, l’amour ne se plaît, ce sont les hommes, pas les curés, qui font pousser les orangers», puissent faire flipper un homme de dieu. Mais, outre le côté contextuel de la guerre civile irlandaise dans lequel cette chanson se place, qui nous fait parfaitement appréhender l’ignominie de toutes les saint Barthélémy que chaque religion porte en germes et en son sein, il n’est, chez Renaud, pas question de passer les dieux à l’épreuve de la Kalachnikov, mais de les éliminer de nos cerveaux de manière symbolique. Ce qui, ceci-dit, n’est pas bon pour la clientèle du dimanche, il faut bien le reconnaître, j’avoue.

Bon, je parle en son nom, hein. Peut-être que Renaud, qui a écrit: «bordel, où est-ce que j’ai mis mon flingue », avait de vélléités plus violentes.

Mais,ô curé du Poinçonnet, je te jure que ce n’est pas mon cas. Mais il n’empêche que je ne te donnerai pas ma liste de chants avant le concert. Si tu veux les écouter, tu viens. Et tu paies ta place. Bah oui, c’est un concert au profit de la recherche sur les maladies de la vue.

Pourquoi je ne te dirai pas ce qu’on chante? Bah, parce que j’aime bien les surprises. Surtout quand c’est moi qui les fais!
Comment ça, tu penses que dieu n’aime pas les surprises? Qu’est-ce que t’en sais? Il paraît qu’il a fait l’homme à son image! Bah si, c’est toi qui l’as dit!
Et puis, dieu, il est pas chez lui, à l’église! Ben non! Pas plus que toi!
Qui est-ce qui paye les travaux, hein, espèce d’assisté?
Nous, avec nos impôts.
Donc, on chante ce qu’on veut.
Mais viens, tu verras, tu vas bien te marrer, même si c’est un peu en serrant les dents, par moments!
Si, si, dieu aussi, il va bien se marrer!
Si, il a le sens de l’humour!
Il est à notre image, je te dis!!!

Par Christophe Sibille

Par Christophe Sibille

Christophe Sibille a enseigné la musique à de futurs instituteurs durant 32 ans. Il a aussi écrit des brèves pour plusieurs journaux satiriques ou humoristiques dont Charlie Hebdo. Dans les années 80-90, il accompagna le duo Font et Val au piano. Il anime sur Radio Balistiq l'émission "Le Balistiq café" tous les jeudi 19 heures
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