Bon, ben voilà, le Coq coquerique pour la dernière fois. Enfin, disons que le Coq s’arrête. Pour le moment. Parce que je déteste les adieux et qu’on ne sait jamais. Je reconnais, c’est facile de dire ça pour moi qui n’écris plus dans ce journal depuis quelques années, mais auquel je reste profondément attaché.
Mon histoire avec le Coq, c’est sept ans à écrire mes – mauvaises – humeurs hebdomadairement, d’abord sous un faux-nez de Droite, puis en alternance, avec un autre masque de Gauche, avant que Casanova ne me dise qu’il était temps que je prenne la parole en tant que moi-même. Et c’est là que j’ai appris le plus : à mettre en ordre mes idées, à canaliser mes colères et à organiser mes amusements en deux feuillets.
Vu que c’est ça, le Coq – compte pas sur moi pour en causer au passé –, des personnes qui viennent te remuer la machine à penser avec des tons et des façons différentes, par des articles ou des brèves ou des dessins. Pour te faire marrer, certes, mais aussi pour te faire réagir, te faire réfléchir, pour t’énerver ou pour t’intéresser. Ça dépend. De l’auteur et du lecteur.
Parce qu’il y a eu différents auteurs dans les colonnes du Coq, des que j’aime beaucoup, des que j’aime bien, des que je n’aime pas et des que je n’aime pas du tout, et je ne vais pas m’étendre là-dessus : faut pas faire de la pub à ceux que t’aimes pas. Y a aussi Ranson, mon meilleur ennemi intime depuis pas loin de 50 piges, et je me ferais épiler les bijoux de famille au lance-flamme plutôt que de dire du bien de ce gros gras grasseyant dessinateur.
Et puis y a Anthony Casanova. Le Rédac’chef, animateur infatigable du Coq, metteur en page vetilleux, relecteur intransigeant – je ne te raconte pas mes premières chroniques que j’ai dû retaper moult fois avant qu’elles ne soient publiées… –, chroniqueur de talent, bref un sacré gars. Et tu sais quoi ? Ben en fait, je ne l’ai jamais vu, cet homme-là. Il est dans son île à grignoter du lonzu en regardant la mer pendant que je bouffe du fuseau lorrain en matant la ligne bleue des Vosges.
Ce qui n’empêche pas de travailler ensemble à essayer de faire le journal qu’on avait envie de lire, ni de se marrer ensemble par messages électroniques ou coups de fil intermédiaires.
Seulement, voilà, il dit « Pouce », Casanova, il dit « Stop », parce que… parce que, heuuu, en fait, je n’en sais rien mais je suis sûr que c’est pour de sacrément bonnes raisons. J’aurais dû lui demander. Mais je ne suis pas curieux, comme type, moi. Et si ça te défrise, je le comprends, mais comme c’est Casanova le patron, ben c’est lui qui a raison et puis c’est tout. Donc, le Coq ne chantera plus et faut faire avec. Ou sans.
Souvent, quand un journal s’arrête, c’est par manque d’argent. L’avantage, c’est que le Coq, c’est gratuit, que les participants participent à l’œil et que question trésorerie, ben y a pas de problème. Ou alors qu’il y a une fracture au sein de la rédaction. Ben pas là. Cherche pas des explications qui n’existent pas – ou alors va lire la chronique de Casanova, il te le dira sûrement – et contente-toi de te dire que le Coq, c’est comme ça. Il est là, ou il n’est plus là, mais y a pas à expliquer. Non, mais, des fois !
Comme je te l’ai dit, je n’aime pas les adieux. Alors, plutôt que de me lancer dans une longue tirade larmoyante, je vais citer ici un vieux proverbe yiddish qui va parfaitement avec l’arrêt du journal :
« Ne pleure pas parce que c’est fini, souris parce que c’est arrivé. »
Allez, salut !
Dernier éditorial du Coq des Bruyères, qui fermera ses portes avec ce numéro.Autant dire qu’on se quitte à une période particulière : la haine envers les Juifs n’a jamais été aussi « hype » depuis...
À l'heure où le coq va se taire, reprendre la plume pour dire... Et là, se dire : — « Pourquoi dire ? » Pour s'en foutre de mieux en mieux, ne faut-il pas plutôt se taire et laisser en plan les...
Hé bien voilà, ma lectrice, ce sera la dernière fois que je m’adresserai à toi, du moins dans ces colonnes. Et m’en voilà fort marri. Avec deux «r», ce qui m’évite peut-être d’avoir l’air d’un con,...