Une année à être seul au monde

par | 8 Oct 2024

Depuis le 7 octobre 2023, l’actualité internationale se focalise sur Israël. Généralement, quand une information se passe à plus de 50 mètres de nos frontières, l’intérêt qu’elle suscite est inversement proportionnel à la distance qui nous en sépare. Or, on ne peut échapper à cette différence de traitement systématique dès que l’on parle d’Israël.
Israël n’est jamais un pays comme les autres. Les Juifs ne sont jamais vus comme un peuple lambda.

On a beau le répéter, tenter de l’expliquer : Juif c’est avant tout le nom d’un peuple au même titre que les Kurdes, les Tsiganes, les Arméniens, les Français. C’est un peuple qui partage une culture, une histoire, une langue, des traditions et souvent une religion. C’est un peuple qui, au même titre que le peuple pakistanais, algérien, irlandais, s’est battu pour obtenir son indépendance, afin d’avoir un pays avec des frontières et une armée pour les défendre, et, dans ce cas précis, d’empêcher d’autres envies génocidaires.

Le 7 octobre 2023, Israël a subi une attaque sans précédent. Un massacre de masse, accompagné de viols, d’exactions, d’enlèvements que l’on nomme « prises d’otages » et qui fut, littéralement, des kidnappings pour 35 d’entre eux dont le bébé Kfir qui n’avait que 8 mois le jour de son enlèvement, et celui de son frère, Ariel, qui n’avait que 4 ans.
A ce jour, 63 otages sont présumés vivants, 33 autres sont déclarés morts mais les corps restent retenus à Gaza.   

Normalement, généralement, humainement, ces atrocités auraient dû émouvoir sans nuance, sans pincette, sans détour, le monde entier. Ce ne fut pas le cas. Les terroristes islamistes du Hamas ont reçu quelques heures après ce massacre, par exemple, les félicitations du NPA en France. Sur les réseaux sociaux, on a ironisé sur le bien-fondé de l’existence d’Israël qui a force d’être là où, apparemment, il ne devait pas être, on ne pouvait s’étonner de subir un gros pogrom de temps en temps.

Pour célébrer l’attaque du Hamas, le Hezbollah tira plusieurs roquettes sur Israël dans la foulée. Les roquettes ne sont pas des bombes à eau. Elles ont pour but de tuer. Si elles ne tuent pas systématiquement, c’est parce qu’Israël réussit à les intercepter. Comme s’y attendait le Hamas, comme le souhaitait le Hamas, Israël déclencha une attaque dans la bande de Gaza. Puis, on vit une vague de soutien des USA à l’Australie en passant par Paris et l’Afrique du sud pour… le Hamas pudiquement renommé « le peuple palestinien » et une haine contre les Juifs rebaptisés « Sionistes » pour l’occasion.

Depuis un an, les rassemblements et messages de soutien au « peuple palestinien » ne se sont jamais encombrés d’un petit mot pour réclamer la libération des otages.
Voilà un pays qui est attaqué par des terroristes (Hamas) qui gèrent un territoire voisin, par une organisation terroriste (Hezbollah) qui a la main mise sur un pays limitrophe, et par une dictature islamiste (Iran) ; voilà le peuple juif qui, à travers ses communautés, est attaqué partout dans le monde. Rien qu’en France le nombre d’agressions à caractère antisémite ont augmenté de 192%, plus de 1 600 au sein des établissements scolaires. Violences physiques, insultes, menaces, tags, et, comble de l’horreur, le viol d’une fillette de 12 ans à Courbevoie.

Depuis le début de la guerre, plus de 26 000 roquettes, missiles et drones ont été lancés sur Israël : 13 200 projectiles tirés depuis Gaza – dont au moins 5 000 pour la seule journée du 7 octobre -, 12 400 depuis le Liban, environ 60 depuis la Syrie, 180 depuis le Yémen et 400 depuis l’Iran.

Le Hamas, le Hezbollah et l’Iran oppriment leur peuple, et essayent d’en massacrer un autre mais c’est ce-dernier que l’on condamne, que l’on boycotte, et contre qui la France Insoumise n’a rien trouvé de mieux que de réclamer aux étudiants en France, de brandir le drapeau palestinien au moment de l’anniversaire du massacre d’Israéliens.

Le plus déprimant, le plus aberrant, le plus abjecte dans tout ça, c’est que ça n’étonne personne.

Par Anthony Casanova

Par Anthony Casanova

Anthony Casanova est le directeur de publication et le rédacteur en chef du journal satirique Le Coq des Bruyères.
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