Une réforme pour rien

par | 17 Jan 2023

En soi, qui peut se dire contre la réforme des retraites ? Tout se trouve dans la terminologie : « LA » réforme. Une seule. Basta. Finito. Rien de plus. L’ennui est qu’à chaque quinquennat sa nouvelle réforme. Pour un président – Macron – qui se voulait révolutionnaire, c’est (encore) raté.

Sa première tentative, en 2019, incomprise même des ministres censés la défendre, avait au moins le mérite de vouloir refondre le système en profondeur. Un va-tout et une prise de risque. À charge, pour les générations futures, d’en payer le prix – ou pas. Non, la réforme d’aujourd’hui, portée par l’exécutif, est incompréhensible en cela qu’elle ne paraît rien changer ou presque. En entérinant l’âge de départ légal à 64 ans, elle pèse naturellement sur ceux qui ont travaillé le plus tôt, forcés de cotiser bien plus que les 43 ans obligatoires. La durée de cotisation, elle, ne bouge pas, conforme au rallongement qui avait été opéré par Marisol Touraine sous François Hollande – merci les socialos. Dans quelques années, un nouveau clampin nous servira le même discours – « c’est le seul moyen si l’on veut sauver le système – et on suivra, comme d’habitude.

Sauver le système, réformer les retraites. Cela ne passerait-il pas par un régime à moitié par répartition et à moitié par capitalisation ? À une époque où les jeunes générations ne sont pas certaines de pouvoir plus tard prétendre à une pension quand ceux-ci financent des séniors toujours plus nombreux, le principe aurait au moins l’avantage pour les futurs retraités de savoir exactement ce dont ils disposeront à leur retraite. À ceux qui diront que rien n’empêche les actifs d’aujourd’hui de mettre de côté dans cette perspective, on peut rétorquer que le pourcentage prélevé sur la fiche de paye ne permet pas à tout le monde de se créer un pactole. Le tout en gardant une pension minimum pour les plus pauvres, sorte de RSA amélioré. Au moins, le discours serait clair : on vous donnera de quoi survivre, mais pas de quoi vivre. Le message passé, je ne doute pas que tout le monde essayera de prendre ses dispositions et qu’une très large majorité le pourra. Pas très de gauche tout ça, mais que faire d’autre ?

Par Gaston Lécluse

Par Gaston Lécluse

Élevée en bonne petite gauchiste, Gaston Lécluse est devenue la fierté de la famille en infiltrant un journal de droite. La seconde partie du plan : épouser un lepéniste influent et continuer d’ausculter le patriotisme, le nationalisme et l’extrême droite. Même si, en vrai, c’est pour déguster des petits fours à l’Élysée quand Marine sera présidente. Pour elle, le blasphème est une religion et la prière une hérésie. Recrutée au Coq par mégarde.
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