Une victoire de façade

Dans la presse, dans les médias, on peut lire que le « Nouveau Front Populaire est arrivé en tête » au second tour des législatives. C’est vrai et faux à la fois.
L’optimisme, en forme d’œillères, c’est joli mais généralement c’est le plus court chemin pour se prendre le réel en pleine gueule.
Car oui, la gauche est en tête en nombre de députés mais c’est loin d’être le cas en nombre de voix :
Le RN a obtenu, lors de ce second tour, 8 745 839 voix.
L’Union de la gauche : 7 005 513 voix,
et la Majorité présidentielle : 6 314 418 voix.

L’extrême droite est donc majoritaire. Si les législatives étaient une élection à la proportionnelle, Bardella serait Premier ministre.
Il faut l’admettre : même avec des candidats grotesques, fantoches ou sous curatelle, la population adhère et vote pour l’extrême droite. La nullité économique du RN ? les électeurs s’en fichent. Ce n’est pas un vote de contestation mais d’adhésion à un programme qui se résume à la peur xénophobe et au désir d’autoritarisme.

De plus, le « barrage » contre l’extrême droite fonctionne de moins en moins lors des élections présidentielles ; et c’est la première fois qu’il fut actionné pour empêcher une prise de pouvoir à l’Assemblée. D’où la surprise de sa réussite. Mais on peut parier que si « le barrage » doit se faire lors des prochaines présidentielles, il cédera, et le RN enchaînera sur une victoire aux législatives.

Après les résultats du 7 juillet, pour former un nouveau gouvernement, les partis politiques devront jouer de compromis, et d’alliances de circonstance. Hors surprise, ça ne se passera pas très bien, et l’image de la gauche, du centre et de la droite en pâtira. Tous ceux qui assumeront leur devoir pour que le pays reste gouvernable auront une réputation de « vendus », et de « traîtres ». Et la majorité de la population pensera qu’en définitive la gauche, la droite et le centre, c’est du pareil au même, et que seule l’extrême droite est véritablement dans l’opposition.

Et savez-vous ce qui arrive au premier parti d’opposition ? Eh bien, il finit toujours par arriver au pouvoir.

Si la gauche républicaine et la droite républicaine, en parallèle du gouvernement bricolé pour que les meubles tiennent, ne se réinventent pas, en impulsant une transformation claire et lisible, en prévision du premier tour de l’élection présidentielle de 2027 : Marine Le Pen sera à l’Elysée.

On ne crie pas « on est sauvé » en continuant de se noyer. L’extrême droite est factuellement aux portes du pouvoir… et, manque de bol, plus besoin de clés, les portes sont bien ouvertes.

PS: Sur cette note d’espoir, au nom de toute l’équipe du Coq des Bruyères, je vous souhaite un bel été !
On se retrouve (toujours en démocratie) le mardi 24 septembre.