Tiens, moi qui vous cause hebdomadairement, s’il y a bien un truc qui me vrille les neurones, ce sont les donneurs de leçons. C’est pas dur, quand y en a un qui se met à dégoiser son petit missel, j’ai envie de lui coller des baffes avec un gantelet de métal, histoire d’appuyer le propos. Même quand c’est moi qui déblatère ainsi, je me torgnolerais bien la tronche, mais, outre que j’ai un sens du ridicule achevé, je manque de masochisme pour me plier à l’exercice.
En revanche, ce que j’aime bien, c’est manger, bien manger, même, ainsi que le laisse entrevoir ma corpulente rotondité. J’aime tellement manger que très tôt, je me suis mis à la cuisine. Ça ne fait pas de moi un grand cuisinier, tout juste un honnête préparateur de la nourriture quotidienne. Et comme je ne suis pas plus malin que les copains, pour agrémenter l’ordinaire, je regarde les émissions culinaires à la télévision et les écoute à la radio. Enfin, disons que j’écoutais l’émission culinaire de la station publique généraliste, « On va déguster » du sémillant François-Régis Gaudry – non, je ne me moquerai pas de ce prénom, car 1) j’ai deux amis proches qui se nomment Régis et qui sont tout sauf cons, et 2) quand on s’appelle légalement Naqdimon, on évite de se foutre du prénom que portent ses contemporains, par simple bienséance – sur France Inter. Oui, je sais, avec Sibille, on vous cause une semaine sur deux de cette chaîne de radio, on pourrait essayer une autre antenne, mais franchement, ailleurs, c’est pire et les robinets à musique, même classique, moi, ça me fait vomir des oreilles.
Donc, jusqu’à il n’y pas si longtemps, le dimanche matin, religieusement, pendant que les catholiques regardent la messe sur la télé publique en prenant un brunch munster chocolat chaud croissants hareng pommes à l’huile, je me posais dans ma cuisine pour découvrir de nouvelles recettes, des produits mis en valeur et autre petits secrets de cuisine. Puis l’animateur, emplit du caractère sacré de sa sainte mission d’éduquer l’auditeur moyen, se mit à chanter les louanges du bio. Notez, je n’ai rien contre le bio, j’aimerai juste qu’on se rappelle qu’à ce jour, les preuves scientifique de l’apport de santé de cette méthode de culture et d’élevage tendent un poil à manquer. D’accord, éduquons, éduquons, mais évitons le « Hé, ducon », qui finit par se pointer. Du coup, j’ai moins suivi l’émission.
N’écoutant donc que sa témérité, le dit animateur vomit tant que faire se peut l’agroalimentaire industriel – ce qui démontre son immense courage, surtout sur Inter, un peu comme dire du mal de l’Extrême-Droite dans un meeting de la Franfe Infoumive, c’est carrément périlleux… – et porte aux nues le bio et surtout la biodynamie, ce préchi-précha issu de la pensée de Steiner – non, pas de point Godwin, ici, lisez un peu sur le bonhomme et faites vous votre propre impression – où l’on finit par enterrer une corne de vache remplie de bouse pour améliorer les apports cosmo-telluriques au pinard et où on compte sur les ondes émises par les chevaux pour améliorer le rendement ou le goût, va savoir, en tout cas une bien belle somme de conneries mystico-mythiques de derrière les chais. Là-dessus, alors que j’écoutais d’une oreille distraite dimanche dernier – ben si, finalement, je dois être un peu masochiste – l’édition de la semaine, voilà que le chroniqueur jaja se met à expliquer qu’il faudrait une norme entre vrai bio, le faux bio, la vraie biodynamie et la fausse, à cause des intrants chimiques tout pourri qui nous collent le cancer ah mon Dieu on va tous mourir.
Ce n’est pas faux, me diront les plus écologistes d’entre vous qui ont encore le courage de me lire. Je n’en sais rien, vous répondrai-je, sournoisement, mais si on en est à causer du cancer, il existe un moyen facile d’éviter cette saloperie, c’est de ne pas boire de pinard. Du tout. Ben oui, bande de cakes à la crème d’andouille, l’alcool, et donc le vin, est responsable d’environ 4,5% des cancers chez la femme et de 11% chez l’homme, c’est le deuxième facteur de risque évitable de la maladie, juste derrière le tabac.
Alors, Gaudry, au lieu de raconter des conneries sur les couilles de loup qui feraient rougir les tomates, oublie la doxa bio et fais ton boulot de journaliste en informant l’auditeur sur les vrais risques et dangers de ce qu’on ingère.
Bon, c’est pas tout ça, moi, je vais aller m’en jeter un petit, avec de la syrah, juste pour le plaisir d’avoir la langue bleue.
par Naqdimon Weil
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