Débriefons une suite d’images, sur laquelle vous avez vraisemblablement eu l’insigne chance de tomber au cours d’une de vos pérégrinations pitonnesques sur diverses chaînes de la TNT.
Zapping quelquefois payant car le salaire du zappeur… Pardon, ça m’a échappé.
Tout d’abord, on y voit une femme en leggings qui soulève son bébé à bout de bras; jusque-là, ça joue. Puis, successivement, les plans s’enchaînent façon pub, c’est à dire en faisant le maximum pour qu’on ait tout le temps de ne rien voir. Une demi-pêche qui palpite dans la main d’une jeune fille, une femme qui masque son sexe avec une conque rose, qui palpite aussi, une mini-serviette hygiénique avec une trace de sang au milieu, qui palpite pas, une fausse vulve en plastique contenue dans un cookie, qui palpite, pas le cookie, la vulve, puis une lingette intime qui palpite dans son paquet avant qu’une jeune dame tombant la culotte, l’attrape, puis une demoiselle, dont on voit cette fois la tête, qui regarde son intimité dans un miroir, (la fameuse intimité étant masquée par le miroir; on ne voit donc pas si elle palpite), puis une éponge de toilette intime qui palpite aussi, puis la demi-pêche rebelote, et puis encore quelques images du même tonneau. Avant le slogan, car tu te doutes bien qu’il s’agite d’une publicité, «la nouvelle gamme nana pure sensitive.»
Et, pour terminer, encore une panoplie de vulves, soit relativement réalistes, soit stylisées façon plastique, soit un peu plus réalistes couleur chair, soit un peu coconnes façon Simpson. Mais attention, hein, toujours palpitant! Est-ce une figuration du participe présent du verbe «palpiter», qui devrait automatiquement venir à l’esprit du spectateur pour qualifier cette mirifique œuvre d’art? Point ne le sais. Mais, personnellement, ce visionnement m’a inspiré plusieurs remarques.
Oui, je sais que contrairement à ce vers quoi voudraient nous entraîner quelques pudibonds à l’américaine qui ont initié une pétition pour l’interdire, il n’y a pas de quoi fouetter une moule; juste une pub à la con de plus?
Oui, bien que l’expression: «pub à la con» soit en règle… en règle générale, pardon, un pléonasme, il faut de prime abord reconnaître qu’ici, elle prend tout son sens. Et n’y voyez strictement aucune misogynie de ma part.
Je dirai donc tout simplement, puisqu’elle est donc doublement con, qu’elle est «concon».
A bien réfléchir, avec moi, les publicitaires n’ont pas réussi à choquer leur cœur de cible pour vendre. D’abord, parce n’ayant pas de vulve, même pas palpitante, je ne suis pas un cœur de cible. Et ensuite, parce que, même si je trouve donc concon de les faire palpiter à tout bout de champ, la vue de vulves, fussent-elles très nombreuses, ne me choque en aucune manière.
Ah, pardon, si, quand-même juste un peu quand, dans la deuxième partie du clip, ces vulves sont stylisées en forme de portefeuille… J’ai peur d’avoir saisi l’image et, du même coup, la vraie misogynie du concepteur.
Et j’ai par ailleurs, (même si c’est un peu hors-sujet), une toute petite appréhension à l’idée des images que pourrait faire se succéder ce même concepteur s’il se mettait en tête de prendre en charge la campagne pour un produit anti-hémorrhoïdes.
Bon, cette semaine j’avais choisi un sujet léger, primesautier, printanier, quasi aérien. Pour ne pas gerber à propos de Jean-Michel Aphatie roulant des pelles aux islamistes en disant qu’il fallait changer la loi de 1905. Un con, pour le coup. Et un vrai. Pas une vulve; une tête de nœud.
Bon, finalement, je suis moins misogyne que vous le croyez
par Christophe Sibille
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