Bon, alors, cette semaine, moi qui vous cause, je me demande bien par quel bout je vais bien pouvoir prendre cette cochonnerie d’actualité. Entre les Anglais qui cherchent à couler l’Europe en même temps qu’ils coulent leur île, les Gillette Jeunes qui font rien qu’à foutre en l’air les centres-villes, les mamys qui tombent dans la rue ou qui défunctent dans les EHPAD, Bruneï qui plonge dans le moyen-âge, les communautés qui se communautarisent encore plus qu’à l’habitude et l’ASNL qui ne réussit plus à ne pas rater ses matchs, vraiment, il y a de quoi se foutre la tête dans un baquet de chaux vive. Et encore, je ne vous parle pas des dernières comédies françaises au cinéma, ça, ça fout vraiment les chocottes !
J’avais bien pensé dire du mal de Youssoupha, le rapeur, mais c’est chiant, j’avais imaginé faire un long exposé très très malin sur l’antisémitisme juif – si, si, ça existe, j’y reviendrai une autre fois -, j’avais même songé à me foutre de la tronche du dernier remaniement ministériel, bref, j’avais des tas de possibilité de faire couler ma sempiternelle bile quand soudain, j’ai levé la tête de mon clavier – je ne tape pas assez bien pour regarder mon écran, c’est navrant – et je vois un truc jaune dans un ciel tout bleu, avec juste un petit nuage blanc, pour doser la colorimétrie. Je me penche à la fenêtre, les mecs marchent en tee-shirts dans la rue, les filles ont les jambes à l’air, l’air sent le tilleul et les hormones en fusion, bref c’est le Printemps, la preuve ?, le bar-tabac d’en face a ressorti sa terrasse, c’est donc indiscutable.
Alors, oui, il y a 100, 1000, 100 000 milles raisons de s’énerver, de se foutre en rogne, de noircir des pages de récriminations et de condamnations morales, oui, les Européennes approchent et à part pour Cthulhu ou Papy Mougeot, je ne vois pas pour qui je vais voter, mon banquier joue avec mes nerfs, nerfs que mon toubib tente de calmer en faisant baisser ma tension, tension qui joue sur mon sommeil, sommeil qui n’est qu’une vue de l’esprit car je m’étouffe 80 fois de l’heure, heure qu’on vient de nous carotter, et d’ailleurs, t’as vu le prix des carottes, c’est un vrai scandale.
Certes.
Tout ça est vrai, et même, ce n’est que l’écume des choses, le sommet de l’iceberg, la cerise sur la Forêt-Noire, je sais bien. Mais pour une fois, j’ai envie d’être positif, de respirer l’air à pleins poumons, et tant pis s’il est bourré de dioxyde de carbone, étant donné ce que je m’envoie comme goudron et exhausteurs de goût dans le buffet, je ne vais pas faire la fine bouche. J’ai envie d’aller me balader dans un parc, de me poser en terrasse et de m’offrir une bière, vous savez, quand on vous sert un demi proprement tiré, avec juste ce qu’il faut de mousse pour décorer le dessus et un rien de buée sur le verre, pour bien montrer que c’est frais. Et avec des cacahouètes, même, et tant pis pour le régime, on s’en fout, il fait beau, les piafs s’en donnent à cœur joie pour essayer de choper de l’oiselle, y a pas de raison qu’ils ne leur mettent pas un petit coup dans l’aile, c’est de saison, quoi !
C’est le Printemps, et ça n’empêche certainement pas les cons d’être cons ni les salauds d’être des pourris, mais tout de même, ça rajoute un peu de liseron vert autour de la carte postale et ce n’est pas si mal que ça, tout bien considéré. À force de chercher la petite bête, on finit par la trouver et on ne voit plus qu’elle. Alors, moi, aujourd’hui, je pose les armes et je vais aller musarder sous les chênes et les marronniers du Parc Sainte-Marie, je ne vais même pas me plaindre de son nom tout sauf laïque, je vais m’offrir un demi, voire peut-être deux, sous les ramures, en lisant un roman de Fantasy et je vais mettre mes ennuis et ceux du monde de côté. Merde, après tout, c’est le Printemps, faut bien qu’on en profite !
Mais bon, promis, la semaine prochaine, je trouverai bien une bonne raison de me plaindre.
par Naqdimon Weil
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