Alors que nous entrons conjointement dans le printemps et dans la saison des grèves, on se dit qu’au final rien ne dure jamais assez longtemps pour que l’on puisse en jouir éternellement. Tout est éphémère… et comme le disait, pour une fois, assez justement Aragon : « Le temps d’apprendre à vivre, il est déjà trop tard ». Tout vieillit, tout se fane même les choses les plus imperceptibles. Alors devrions-nous songer que tout ce qui fait le monde a sa petite date de péremption ? Peut-être, mais pour corroborer cette affirmation, il faudrait une belle exception confirmant cette règle.
Eh bien ne cherchez plus ! Cette fameuse « exception » est millénaire : les Juifs. Ou, plus précisément, la haine des Juifs. Cette haine que nous nommons « antisémitisme », et dont la simple évocation provoque des engueulades sans fin comme celle représentée par l’antisémite Caran d’Ache dans Un dîner en famille.
Tout au long de l’Histoire, les Juifs furent spoliés, chassés, méprisés, assassinés à travers le monde jusqu’à la « solution finale » d’Hitler qui consista à les exterminer. S’il y a des damnés de la terre, les Juifs, eux, furent de tout temps les damnés de l’Histoire.
Mais voilà, après la Seconde Guerre mondiale, l’Empire Britannique amorça sa décolonisation, notamment du Raj britannique, en 1947, avec l’indépendance de l’Inde et du Pakistan, et, en 1948, celle de la Birmanie. De nouvelles frontières qui sont, encore aujourd’hui, la source de nombreux conflits dans la région.
Il y eut aussi la décolonisation de la Palestine mandataire avec la création de la Jordanie (1946), puis, en 1947, le plan de partage de la Palestine entre un État arabe et un État juif pour faire cohabiter les deux communautés qui vivaient sur ce territoire. Les Juifs acceptèrent le partage, les Arabes, aidés par les pays voisins, le refusèrent, et au lendemain du vote éclata une guerre civile. Au final, le 14 mai 1948, David Ben Gourion proclama l’indépendance de l’État d’Israël.
Puis, l’Irak, la Syrie, le Liban, la Jordanie et l’Égypte entrèrent en guerre contre Israël. Il ne faut pas être un fin géopolitologue pour comprendre que ce qui a « dérangé » et « dérange » toujours dans la création d’Israël, n’est pas l’existence d’un nouveau pays, mais d’un pays où il y a des Juifs. En réaction, des répercussions sanglantes eurent lieu dans de nombreux pays contre les Juifs.
Après l’attentat antisémite du 3 octobre 1980, rue Copernic à Paris, où une bombe avait fait 4 morts et de nombreux blessés, le Premier ministre de l’époque, Raymond Barre, avait déclaré que « cet attentat odieux VOULAIT frapper les israélites qui se rendaient à la synagogue, et qui a frappé des Français innocents qui traversaient la rue Copernic ». C’est ainsi, les Juifs sont toujours plus ou moins coupables même lorsqu’ils se font assassiner.
Le 9 août 1982, rue des Rosiers à Paris, un attentat antisémite dans le restaurant de Jo Goldenberg, fait 6 morts et 22 blessés. Rien qu’en France, entre l’attentat du 20 mai 1978 à l’aéroport d’Orly, faisant 4 morts et 5 blessés, et celui de Mohammed Merah à Toulouse en 2012, il y aura eu une quinzaine d’attentats antisémites. Dernier attentat antisémite en date, le 9 janvier 2015, contre l’Hyper Cacher de la Porte de Vincennes. Nous pourrions aussi parler de l’assassinat d’Ilan Halimi, en 2006, de celui de Sarah Halimi, en 2017, et, bien évidemment, de l’assassinat de Mireille Knoll du 23 mars 2018.
Eh oui, le « problème », ce fut, c’est et ce sera toujours les Juifs. Tous les Juifs, même ceux qui ne sont pas israéliens, même ceux qui ne sont pas croyants puisque nous avons la fâcheuse manie de renvoyer et d’associer tous les Juifs à Israël et au conflit israélo-palestinien. Ah il a bon dos ce conflit !
Israël, petite démocratie encerclée par des dictatures, qui s’oppose aux terroristes islamistes du Hamas mais que nous rechignons à soutenir. Israël, l’unique pays dont l’opposition à sa politique porte un nom : l’antisionisme. Lorsque l’on est contre la politique française, états-unienne, russe, iranienne, japonaise, marocaine, brésilienne… Cela ne porte pas de nom. On est pour une politique progressiste ou conservatrice, mais il n’y a pas UN mot qui ne convienne qu’à UN seul pays, sauf, ô surprise, au SEUL pays dirigé par des Juifs.
Toutes les dictatures voisines d’Israël veulent «rayer Israël de la carte», mais c’est la faute d’Israël. Il y a un conflit en Israël face à des terroristes islamistes, mais c’est la faute de tous les Juifs. Il y a des guerres, des conflits, des atrocités partout dans le monde, mais c’est, via le mouvement BDS, Israël qu’il faut boycotter.
Si les Juifs, peu importe la raison, sont toujours du côté de l’exception, cela doit être parce que l’antisémitisme en a toujours été la règle.
par Anthony Casanova
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