J’ai beau avoir l’air un poil je-m’en-foutiste, comme ça, à première vue, mais moi qui vous cause toutes les semaines dans les colonnes du Coq –et ce depuis bientôt 5 ans, ma première chronique datant du 23 mars 2014, comme le temps passe vite quand on s’amuse!–, je suis plutôt un homme de parole. Par exemple, j’ai emprunté 100 Francs à Ranson en 1988, et comme je refuse de passer sur une dette auprès d’un ami si cher, je me suis engagé à lui rembourser celle-ci rubis sur l’ongle. Dès que le Franc sera remonétisé. En Euro, ça ferait trop minable. Tiens, d’ailleurs, c’est pareil pour mes engagements intellectuels, la semaine passée, j’ai promis à mes lecteurs de les entretenir de ma vie sexuelle, et, quitte à choquer mon lectorat de Droite –oui, je suis le seul chroniqueur du Coq qui ai des lecteurs de Droite, c’est dans mon contrat avec Casanova, le Rédac’chef, je suis le quota réactionnaire du magazine, ça équilibre les réactions et ça fait chier Lindingre– , je suis obligé de m’y plier.
Mais comme je suis également un homme d’honneur, je ne vais pas, ainsi que le chantait Brassens, « dire avec qui et dans quelles positions, je plonge dans le stupre et la fornication », car :1) J’ai mes pudeurs et surtout, 2) On ne parle pas des absents, et surtout pas des absentes, c’est fort impoli. Aussi, déchiré entre ces deux impératifs catégoriques, il me faut trouver une solution qui réponde à la morale de l’action, sans trahir celle de l’intention, t’as l’bonjour d’Emmanuel Kant. Je vais donc vous entretenir ici de ma vie sexuelle autonome, car ainsi, je n’entraînerai aucune personne du beau sexe dans des descriptions scabreuses et des explications techniques qui, si elles seraient certes passionnantes pour mes amis sexologues, risqueraient d’être vexantes pour mes autres amis quinquagénaires et je n’ai pas l’habitude de porter aux nues mes propres exploits. Bref, et pour éviter les fastidieuses données techniques, voici non comment je me masturbe, mais bien plutôt, ce dont je me branle.
Pour commencer, à tout Seigneur, tout honneur, je me branle copieusement de l’avis des religions et surtout des religieux sur la manière de vivre de mes contemporains. Qu’on me comprenne bien. J’ai, par exemple, le plus profond respect et la plus sincère sympathie pour la rabbine Delphine Horvilleur, avec qui j’ai – et cela arrive beaucoup trop rarement – un plaisir immense à échanger. Mais si celle-ci intervenait dans le débat public au nom du judaïsme et de la morale juive, en se fondant sur la Thora et le Talmud – ce que, Dieu merci, si j’ose dire, elle ne fait pas -, je serais, en toute pudeur religieuse, tenu de me branler de ses propos. Car l’opinion de X ou Y se fondant sur des textes millénaires et dont certaines parties sexistes, racistes et homophobes me donnent des envies de mitrailleuse lourde ne mérite pas mieux, à mon avis pas humble du tout à cet égard.
Notez bien, je me contre-branle de la même façon de l’opinion de tout un tas de politiques, de journalistes, d’analystes et de « people » – et même de certains vrais bons copains – sur le voile islamique ou la perruque juive et autres chiffons sacrés. On peut venir me parler de mini-jupe contrainte ou de serre-tête religieux, ou de liberté individuelle, tout ça, c’est conneries et compagnie, ces bouts de tissus ne sont que les résidus d’un patriarcat antique, mêlant symbole de soumission et de propriété dévolue à l’Homme – notez le « H » majuscule – et c’est à gerber. Et si certaines veulent nous jouer la servitude volontaire, ce n’est en rien comparable à la création de Marie Quant, bordel !
Tiens, d’ailleurs, parmi ces « politiques » à la pensée inepte, se trouvent moult « écologistes » dont les idées sur la Science en général et la chimie en particulier me forcent à me tirer sur le bambou, à faire un cinq contre un, à visiter la Veuve poignet, à étrangler le borgne, bref, à m’en branler, voire m’en contre-branler. L’inculture scientifique de ces gugusses, leur bêtise crasse en termes de risques et de danger, leur pensée monolithique quand il s’agit de recherches sur les OGM, leur incompréhension du principe du consensus scientifique rendent leurs arguments tellement creux qu’on pourrait y organiser une partouze de brontosaures dedans. Et je vous évite les conneries gargantuesques sur les vaccins dont se rendent coupables toute une série de « leaders d’opinion » qui mériteraient de se faire enterrer sous un tombereau de capotes usagées. Je vais être très clair, je ne me branle certainement pas de la vaccination, bien au contraire, je milite – enfin, disons que je cause beaucoup de ce sujet sur les Réseaux Sociaux – pour que chacun soit responsable à cet égard et que les connards qui ne se vaccinent pas ou ne vaccinent pas leurs mômes puissent être mis en examen pour mise en danger de la vie d’autrui. Mais, en revanche, les avis éclairés d’une star de cinéma vieillissante, d’une chanteuse décavée ou d’une députée écologiste verte sur le sujet des vaccins me forcent à me muscler le bras droit. Parce que quand j’essaie avec la main gauche, j’ai l’impression de me tromper avec un autre et je refuse de devoir me justifier auprès de moi-même, j’ai d’autres choses à faire que d’avoir à me donner des explications scabreuses.
Voilà, amis lecteurs, malgré ma pudeur et mon sens de la retenue, j’ai tenu parole, je vous ai parlé de ma vie sexuelle.
Tout bien considéré, je crois que je n’ai plus qu’à aller m’inscrire sur Meetic, moi, sur un malentendu…
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