Ah la retraite !

par | 17 Jan 2023

Quelques réflexions en ces jours de soubresauts…

A voir la mobilisation pour les retraites, on pourrait s’interroger mais finalement on évite de se poser les vraies questions sur les conditions de travail, sur le pourquoi du travail et sur le fait que les trois quart des boulots sont des boulots de cons et que le problème n’est pas que la pénibilité, évidente pour la plupart des métiers manuels. Et je n’évoquerai pas les privilégiés qui travaillent toute leur vie par plaisir avec en plus une rémunération.

La retraite doit-elle être considérée comme un moment de vraie vie, une période de l’existence rémunérée pour enfin sortir de l’esclavage et découvrir la liberté? C’est sans doute trop souvent le cas et inverser cette tendance ne devrait pourtant pas être un luxe inaccessible.

Les manifestations, symbole français de la contestation et un attrait touristique pour les touristes étrangers curieux d’activités de vacances originales, vont jeter dans les rues une foule bigarrée et les ouvriers de toute obédience; les 42 % d’ouvriers qui votent R.N. vont marcher dans les pas des sympathisants de la NUPES. Mais on ne peut pas être d’accord sur tout. L’anti-racisme ne va pas devenir d ‘un seul coup le dénominateur commun des exploités. La notion de bouc-émissaire reste une valeur sûre. Les soi-disant défenseurs du peuple et opposants à la réforme de Borne, les députés et dirigeants d’extrême-droite, comme à leur habitude ne seront pas dans la rue. L’hypocrisie a des limites.

Et les syndicats dans tout ça. Mais c’est leur chance de l’année! La colère des Français devient un formidable levier pour redorer le blason avec une unité syndicale exceptionnelle. Cette force nouvelle va-t-elle permettre de calmer les ardeurs des collectifs de travailleurs qu’on a vus fleurir en novembre dernier, en dehors des syndicats traditionnels ?

Côté CGT, on tente de ne pas afficher les rivalités; rivalité entre Martinez et les radicaux de la branche énergie qui avaient montré leurs muscles à l’automne, obligeant le patron à suivre leurs décisions sans concessions. Martinez qui, à quelques mois de son départ, commence à tenir des discours intéressants sur le travail en général, les raisons, les motivations, enfin Martinez va bientôt s’exprimer sincèrement comme tous les dirigeants syndicaux ou politiques en fin de mandat qui n’ont plus de soucis de carrière et plus besoin de plaire au plus grand nombre. C’est tout le problème d’être un porte-parole ou de mettre simplement des mots sur sa propre pensée.

Et le jeudi 19 janvier, tout est fait pour accueillir à Paris de nouveaux manifestants qui auraient peur de se perdre dans la capitale. Le tracé est limpide et pour la 200 millième fois, ce sera entre République et Nation; seule incertitude: les points d’approvisionnement en merguez.

Un coup d’œil rapide au monarque Macron qui se fout de l’opinion et des sondages qui veut montrer sa volonté de ne pas renoncer avec une mesure témoignant d’un égo tellement énorme qu’il ne serait pas raisonnable de vouloir s’asseoir dessus.

Alors le feuilleton ne fait que commencer et attention au coup de froid au démarrage puisque les températures sont annoncées à la baisse pour le premier grand rassemblement.

Par Thierry Rocher

Par Thierry Rocher

Thierry Rocher est un auteur, comédien, humoriste qui fait où on lui dit de ne pas faire. Vous pouvez le retrouver dans la Revue de presse des Deux Ânes sur Paris Première
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