Boussole électorale

par | 7 Jan 2022

Cher journal,
Permets-moi, en guise de préambule, de souhaiter du bonheur, de la joie et des plaisirs à celles et ceux qui furent, sont et resteront Charlie… les autres peuvent bien aller crever dans leur merde, je ne m’en soucie guère.
Bref, il y a 20 ans, je votais pour la première fois aux présidentielles. Journal, te souvient-il, de cette ribambelle de candidats de gauche, des forts arguments et de leur foi du charbonnier en ces retrouvailles du second tour qui n’arrivèrent jamais? Jospin et sa gauche «plurielle»… et puis patatra, une bonne grosse abstention et ce fut Le Pen en finale. Jadis un coup de tonnerre, il y a 5 ans un petit pétard, on se demande bien quel bruit silencieux se fera entendre en avril prochain? Car ce qu’il y a de bien en politique, c’est que la nostalgie ne dure jamais assez longtemps pour ne pas ressembler à du déjà-vu. À peine le temps de s’en rappeler que c’est à nouveau d’actualité.

Ainsi la question de l’année serait de savoir comment convaincre les électeurs de ne plus commettre les mêmes erreurs voire de ne pas les empirer? Le manichéisme ne faisant plus recette, comparer Zemmour ou Le Pen au diable n’est pas plus utile qu’un antivax à un congrès de médecine, alors que faire? Que dire?

Peut-être accepter que si les idées soutenues par notre candidat ou notre candidate sont appuyées par des fake news, ferions-nous preuve de bon sens en lui filant notre voix? Voulons-nous vraiment d’une personne qui bobarde pour nous faire penser comme lui? Tout le monde peut se tromper de bonne foi, certes, mais il y a une grosse nuance avec un mensonge qui tend à nous manipuler, non? Avoir une idéologie ou un drapeau à brandir ça peut servir d’horizon en cas de doute mais si les certitudes de notre candidat l’empêchent d’accepter les faits concrets, il y a de quoi penser qu’il serait capable de foncer dans un mur si son GPS lui dit qu’il n’y en a pas à cet endroit.  

Sans aller plus loin dans les petits exemples, que l’on soit de gauche, de droite, du centre ou d’une périphérie, il serait simplement judicieux de comprendre que le vote est plus important qu’on ne l’imagine mais moins fondamental qu’on ne l’espère. Une voix reste une voix ni plus ni que dalle. Alors, avant de la donner sur un coup de gueule, il faudrait prendre le temps de l’offrir cordialement. Sans haine, sans peur, sans préjugés… avec probablement la seule interrogation qui ait un sens: se demander si notre candidat ou notre candidate semble être, comme le chantait Enzo Enzo, quelqu’un de bien. Une personne qui pourra changer d’avis si le réel l’y invite. Une personne qui saura écouter le chagrin des uns sans en faire le défouloir des autres.

Par Anthony Casanova

Par Anthony Casanova

Anthony Casanova est le directeur de publication et le rédacteur en chef du journal satirique Le Coq des Bruyères.
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